Enveloppe

Toute diffusion d’informations #3

Un article d’Acrimed, au sujet de critiques faites au Monde Diplomatique par deux organes de presse, commence par évoquer une part de ce que j’appelle l' »enveloppe », le fait qu’Acrimed et le Diplo ont des liens, qui n’ont rien d’obscur.
Et ça va mieux en le disant :
« il convient de rappeler par souci de transparence qu’Acrimed et Le Monde diplomatique partagent des positionnements (au sein de la « gauche de gauche »), des analyses (sur la critique des médias dominants) et des initiatives (comme la carte des médias français, « Qui possède quoi ? », que nous co-publions). »

Qu’entends-je par « enveloppe » ?
Je reformule ici l’explication de notre question :
« Toute diffusion d’informations n’est-elle pas désinformation ? Par nature et par destination. »

Par Nature
Une information, comme toute proposition langagière, résulte d’un prélèvement au sein du réel.
En produisant une information, je prélève quelques tranches sur le jambon, lequel n’est lui-même qu’une partie de l’animal sacrifié.
Si j’écris un article, je dispose de divers matériaux que j’ai pu prélever d’une manière ou d’une autre (j’en dis en général le moins possible) sur une réalité – le jambon – qui les dépasse de toutes parts, et j’en choisis certains pour bâtir mon texte.
Je mets en œuvre une intention.
Puis, ma manière de rédiger apportera une inévitable « couleur ».
Plus important encore : il y a, autour de l’info, une énorme « enveloppe » – soit l’animal entier.
Elle est constituée de divers ingrédients :
– tout ce sans quoi un étranger ne peut rien comprendre à ce que j’exprime dans l’info elle-même,
– le non dit au sujet de mon contexte personnel (classique : le lecteur ignore tout de mon « niveau de vie », de mes revenus, de qui je fréquente), et qui pourtant joue son rôle quant à l’information que je transmets,
– processus ayant conduit à produire concrètement ‘info (tout produit livré au public – aliment, machine, etc.) n’a-t-il pas sa part d’ombre que le destinataire ne peut/doit pas connaître ?)
– etc.
Pour recourir à une analogie non-charcutière, j’évoque la dernière (la der-de-der !) séance de photos de vacances à laquelle j’ai été soumis. Mon ami y montra ses photos, oui ; mais il y ajouta oralement de multiples compléments …jusqu’à me saouler, et m’ennuyer profondément en me détaillant cette « enveloppe » !
Abstraction faite de ce type de fâcheux épisode, chacun sait que, devant une photo, nous devons nous demander ce qu’il y a …derrière. Eh bien, pourquoi serait-ce différent en ce qui concerne l' »enveloppe » d’un texte écrit ?
Autre analogie : que penserait-on d’un résultat scientifique dont le protocole de conception et de réalisation ne seraient pas publiés ?

Par destination
L’inévitable « couleur » évoquée plus haut découlera notamment du contexte dans lequel je compte diffuser mon écrit, c’est-à-dire d’une intention de niveau 2.
Car, que ce soit pour être raccord avec ce contexte, pour le bousculer ou pour en dire ma haine, je fais des choix.
Le moment où je le diffuse peut également avoir un certain poids, tant pour moi que pour le destinataire potentiel.

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J’aime me poser des questions, et j’ai des convictions : les deux marchent de pair !

Mes billets, au jour le jour, s’ajoutent à pas mal de mes écrits anciens…

Aujourd’hui, je suis aussi l’éditeur de desinfo.

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