Les non-vaccinés par choix résisteront-ils longtemps ?
Article de Leur Monde
‘Certains pays européens ont opté pour l’obligation vaccinale – comme l’Autriche ou l’Italie pour les plus de 50 ans – et Singapour ne prend plus en charge les frais médicaux des malades du Covid-19 ayant refusé de se faire vacciner.’
‘Au Canada, le gouvernement fédéral étudie la possibilité de priver d’indemnités chômage les Canadiens sans emploi qui refusent de se faire vacciner.’
Article de Leur Devoir
Le Québec va mettre en place une taxe pour les adultes qui refusent d’être vaccinés contre le Covid-19 sans raison médicale.
Cette province avait déjà annoncé que des commerces non essentiels allaient être interdits aux non-vaccinés, mais ce qui est troublant dans le projet de taxe est que le gouvernement déclare que ‘Tous les adultes au Québec qui n’accepteront pas dans les prochaines semaines d’aller chercher au moins une première dose auront une facture à payer’.
Question : ou bien une dose est efficace (en France, on nous dit que non) ; ou bien le but est seulement de contraindre…
‘Une source de la Direction régionale de la santé publique de Montréal, qui a requis l’anonymat par crainte de représailles, a confirmé que cette décision n’était pas du tout « alignée sur la santé publique » et qu’elle s’apparentait « à des mesures coercitives qui font plus de torts que de retombées ».
Cécile Rousseau, professeure titulaire à la Division de psychiatrie sociale et transculturelle de l’Université McGill :« Ça remet en question le principe de la responsabilité individuelle de la maladie, absent de notre système de santé universel. Les gens ne paient pas pour leurs soins, même si c’est leur faute s’ils fument et développent des cancers. Ça ouvre une brèche dangereuse.
On est déjà la province la plus “vaccinée” au pays, et pourtant, nous avons les pires chiffres en ce qui concerne les infections et les hospitalisations.
Donc la vaccination ne règle pas tout ».’
Radio-Canada a interrogé l’expert en droit constitutionnel Benoît Pelletier. Celui-ci relève que «de nombreuses questions de droits et libertés sont en jeu dans cette proposition». Passé des considération directement liées à la législation québécoise, l’expert soulève un problème relatif à l’intérêt public:
«Le lien entre la mesure que le gouvernement veut instaurer et l’objectif est loin d’être évident.»
«Le fait d’imposer une taxe ou une pénalité, est-ce que cela a un lien avec l’objectif, la pandémie? C’est encore moins évident que la vaccination obligatoire, selon moi. Au moins, la vaccination obligatoire a un effet concret sur la propagation du virus. Gros défi juridique à relever pour le gouvernement», fait-il valoir.
De nombreux autres points de vue dans ce même article.
Par exemple :’Selon M. Contandriopoulos, cette proposition soulève aussi le problème du financement des soins. Historiquement, le Canada a choisi de financer les soins indépendamment du risque. Que vous soyez quelqu’un qui est très susceptible d’avoir besoin de soins ou que vous soyez quelqu’un en parfaite santé qui ne va jamais consulter, votre contribution est indépendante de votre risque. Ce principe-là est vraiment fondamental
, souligne-t-il.Les gens vont se demander c’est quoi la prochaine étape. Est-ce que si on est obèse, on paie plus? Est-ce que si on est vieux, on paie plus? Est-ce que si on a une maladie chronique, on paie plus? Ce n’est pas un bon principe. C’est une idée malheureuse et dangereuse
, insiste le professeur.’
Dans cette affaire québécoise, ce qui me semble le plus inquiétant (c’est pour ça que je l’écris en tout petit…) :
l’ultra-capitalisme veut certainement la peau des systèmes de sécu, de retraites, etc. non basés sur l’assurance par le client ;
les autres systèmes sont donc à attaquer, à commencer par le bout qui se présente : aujourd’hui, haro sur le soin inconditionnel…
Grèce, déclaration du Premier ministre : « Les Grecs de plus de 60 ans qui n’ont pas été vaccinés doivent, d’ici le 16 janvier, prendre rendez-vous pour leur première dose, sous peine de se voir infliger une amende administrative de 100 € par mois ».
Ouest-France commente : ‘Il n’a pas précisé comment cette mesure serait appliquée. Une pension de retraite mensuelle en Grèce avoisine 730 €.’
CNN : ‘Le Premier ministre grec défend son obligation vaccinale : « Nos mesures finiront par être justifiées » (?).
Italie, Autriche, Tchéquie, Allemagne :
‘Italie. A partir du 15 février. Mercredi 5 janvier, nos voisins transalpins ont décidé de rendre la vaccination obligatoire pour les plus de 50 ans, soit presque la moitié de la population. L’obligation vaccinale concernait déjà les soignants, les enseignants et les forces de l’ordre italiennes.
Autriche. A partir du 1er février. Le 19 novembre dernier, les Autrichiens ont été les premiers, au sein de l’Union européenne, à dégainer la carte de la vaccination obligatoire à partir du 1er février 2022.
République tchèque. A partir du 1er mars. Le 10 décembre dernier, l’ex-gouvernement tchèque annonçait la vaccination obligatoire pour les personnes de plus de 60 ans à partir du 1er mars. Obligation vaccinale étendue aux professionnels de santé, aux pompiers, aux policiers et aux militaires.
Mais cette disposition pourrait ne pas voir le jour. Le ministre de la Santé du nouveau gouvernement a affirmé y être opposé.
L’Allemagne pourrait être le prochain membre des 27 à appliquer la vaccination obligatoire, dès février 2022. Le nouveau chancelier s’y est dit personnellement « favorable ».’
»Le Conseil d’éthique allemand s’est prononcé en faveur d’une vaccination obligatoire pour tous les adultes de plus de 18 ans.’
Mais ‘les deux principaux partis de la coalition gouvernementale allemande — les sociaux-démocrates (SPD) d’Olaf Scholz et les Verts — ne sont pas très enthousiastes à l’idée d’organiser un vote parlementaire sur la vaccination obligatoire, bien qu’ils soient favorables à une telle obligation.’
Autriche : La vaccination obligatoire subit un revers en Autriche. En raison de complications techniques, le recensement des vaccins obligatoires ne sera possible qu’en avril, soit deux mois plus tard que ce que le gouvernement autrichien avait prévu. En parallèle, les experts remettent en question l’efficacité de la vaccination obligatoire.
Tadjikistan, Turkménistan, Vatican
‘Tadjikistan : l’agence officielle tadjike a publié un décret gouvernemental obligeant tous les citoyens de plus de 18 ans à se faire vacciner, sans préciser dans quelles conditions l’obligation allait être appliquée.
Turkménistan : ce pays reclus d’Asie centrale, l’un des rares au monde à n’avoir déclaré officiellement aucun cas de Covid-19, a annoncé le 7 juillet qu’il rendait la vaccination obligatoire pour « toutes les personnes de plus de 18 ans sans contre-indications médicales ».
Vatican : une note en date du 8 février a rendu impératif le vaccin pour les habitants du plus petit Etat au monde et les employés qui y travaillent. Les sanctions peuvent aller théoriquement jusqu’au licenciement pour les récalcitrants.’
L’Indonésie ‘a rendu obligatoire la vaccination des citoyens contre le coronavirus et s’apprête à autoriser le secteur privé à contribuer à l’inoculation de la population afin d’atteindre plus rapidement l’immunité collective.
Un règlement modifié en début de semaine prévoit désormais que les personnes pouvant prétendre à la vaccination mais refusant de se faire vacciner peuvent être sanctionnées. Les sanctions peuvent prendre la forme d’amendes, de retards ou de suspensions des aides sociales, ou de retards ou de suspensions de l’accès aux services publics.
L’Indonésie cherche à inoculer 181,5 millions de personnes, soit les deux tiers de sa population de plus de 270 millions d’habitants, en 15 mois afin d’atteindre une immunité de groupe.’
Afrique du sud : ‘Pourquoi la vaccination obligatoire contre le Covid-19 est une très, très mauvaise idée.’
‘Ceux qui s’opposent à la vaccination obligatoire affirment en substance que le coût pour la société dans son ensemble serait bien plus élevé que la vie d’un nombre relativement insignifiant de personnes si les vaccins étaient rendus obligatoires, parce que l’État aurait obtenu le droit moral de passer outre à la Constitution quand il le souhaitait, au motif ambigu que cela était dans l’intérêt de la société dans son ensemble.(…)
À quel moment peut-on dire rationnellement que les intérêts de la société dans son ensemble l’emportent sur ceux de l’individu ? Si le COVID-19 menaçait de tuer un quart de la population (15 275 000 personnes), on pourrait sans doute dire rationnellement qu’il le fait. Jusqu’à présent, il tue ce que la tuberculose tue par an, soit environ 56 000 personnes. Où sont les appels à une déclaration de pandémie de tuberculose ? Les droits de l’homme protégés par la Constitution sont là pour une très bonne raison : protéger chaque personne contre les ravages et la violence du gouvernement. Sacrifier une protection politique vitale pour un avantage médical très mineur et non quantifiable est pour le moins discutable.’
Covid-19 : la vaccination « de force » n’est acceptable « en aucune circonstance », affirme la Cheffe des droits de l’homme de l’ONU, qui ajoute réalistement ‘Il faut aussi que les vaccins soient disponibles et accessibles à tous pour qu’une obligation vaccinale respecte le principe d’égalité.’
Bulgarie : un cas sans équivalent à ce jour. ‘Le parti populiste (…) a proposé d’interdire par la loi toute possibilité d’introduire une vaccination obligatoire contre la Covid-19 en Bulgarie.’
France,
Nouvelle-Calédonie
Académie de médecine : «Osons franchir le pas (…). La doctrine du passe vaccinal doit être clairement exposée et sincèrement défendue comme une obligation vaccinale, non déguisée, au même titre que les autres obligations vaccinales actuellement en vigueur. (…)
La vaccination obligatoire est un devoir civique et non une menace de punition ».
Ah ! j’allais oublier de signaler que, dans cette même contrée de l’Extrême-Ouest, le chef – qui n’a sans doute jamais entendu parler de l' »effet boomerang » de certaines paroles – a prétendu priver les non-vaccinés de leur citoyenneté.
Question pas banale du tout, à ce sujet :
la catégorie des ex-vaccinés,
qui est en train de prendre forme
par ras-le-bol ou par prise de conscience,
que veut-il en faire ?
Même faute = même punition ?
Bon, les non-vaccinés, qui sont-ils ?
Réponse du Pr Fischer, M. Vaccin du gouvernement français : ‘Nous comptons parmi ces non-vaccinés 500 000 personnes très âgées, 10% des patients atteints de malades chroniques, 13% des personnes en situation d’obésité, et 30% des sujets dépendants aux opiacés. Un grand nombre d’individus à risque ne sont donc pas protégés du tout. Par ailleurs, les taux de vaccinations s’avèrent inférieurs dans les communes où le niveau de vie est plus faible. Voilà déjà trois facteurs importants qui entrent en ligne de compte – l’âge, la maladie, la précarité – avant l’opposition idéologique ou culturelle.(…) La plupart sont surtout en dehors du système.’
Quid de cette opposition idéologique ou culturelle ?
Article de Lucie Guimier :
‘La méfiance vaccinale recèle une composante politique dans le rapport qu’entretient la population à l’égard du pouvoir politique et de ses institutions, c’est pourquoi dans cet article nous préférons à l’étude du concept d’hésitation vaccinale celle des résistances aux vaccinations (…]. Ces dernières sont en effet la traduction de choix militants, raisonnés et argumentés prenant corps dans des configurations collectives et sous-tendant, à la différence de l’hésitation, un raisonnement s’appuyant sur des valeurs communes permettant l’identification à un groupe et, dans sa forme la plus poussée, des arguments et tactiques partagés avec d’autres résistants. En usant de la notion de résistance, nous faisons référence aux jeux de pouvoir permanents entre le gouvernement et ses sujets, ce qui ouvre la voie à une réflexion plus large sur les phénomènes de domination et de résistance en matière de planification politique, et en l’occurrence de politique vaccinale dans notre cas.’
Jeremy Ward :
‘Nous savons qu’en général la méfiance envers les vaccins est plus présente chez les personnes qui ont un faible revenu. Le sentiment antivax est également plus présent chez les femmes que les hommes et se retrouve plutôt chez les personnes qui rejettent totalement les partis politiques, ou qui sont proches des partis d’extrême droite, et dans une moindre mesure d’extrême gauche. (…)
Je viens de vous donner le profil des personnes qui pensent que les vaccins sont nocifs pour la santé. Mais ce profil n’est plus le même si l’on s’intéresse spécifiquement aux antivax qui militent. Et ceux qui manifestent contre le passe sanitaire ne sont pas forcément les mêmes que ceux qui militent sur Internet. Prenez le cas de l’extrême droite : la majorité des électeurs sont plutôt issus des CSP- [les catégories socioprofessionnelles modestes, comme les ouvriers ou employés à bas revenus, NDLR], alors que dans les manifestations, vous avez une surreprésentation de CSP+ [cadres, hauts revenus, NDLR]. (…)
Elle peut être d’extrême droite ou d’extrême gauche, mais la plupart du temps, cette critique est non partisane. Il s’agit de discours contre les institutions, mais qui refusent l’affiliation à des mouvements politiques classiques, voire qui rejettent ces mouvements.’
Une étude internationale datant de 2016 :
‘si l’importance des vaccins est globalement reconnue, malgré des différences notables entre pays, les citoyens européens, et en particulier en France, leur accordent le moins de confiance : 41 % des Français interrogés estiment ainsi qu’ils ne sont pas sûrs, un record mondial, 17 % doutent de leur efficacité et 12 % ne tiennent pas les vaccins infantiles pour importants. Dans l’ensemble, il apparaît que le niveau d’éducation accroît la confiance dans l’importance et l’efficacité des vaccins, mais pas dans leur sécurité.’
Article du Huffington Post :
‘Le doute face aux vaccins touche aussi les vaccinés en France.
Jeremy Ward : “En juin, 9 % des personnes vaccinées contre le Covid concédaient avoir eu encore beaucoup de doutes au moment de se faire vacciner.
En août, on est passé à 49 %”. (…)
Le pass sanitaire était certainement utile, mais il a poussé à la vaccination sans forcément convaincre”.
Article de Slate :
‘L’hésitation vaccinale est trois fois plus élevée chez les individus ayant subi des traumatismes dans leur enfance d’au moins quatre types, comparés à ceux dont les premières années de la vie se sont déroulées sereinement.’
D’autres explications, selon deux chercheurs Lillois.
‘Une synthèse de 15 études montre qu’une large variété de facteurs influenceraient l’hésitation vaccinale : l’ethnicité, le statut d’actif ou non, les croyances personnelles, la religiosité, la tendance politique (partis extrêmes, populisme et abstentionnisme), le genre, le niveau d’éducation, l’âge, le niveau de revenus, la perception du risque infectieux, le manque de confiance dans les autorités sanitaires, la science, la médecine et les informations ou encore les doutes sur le vaccin.’
Deux questions :
– Peut-on raisonnablement obliger tout un pays à se faire vacciner, y compris ceux qui – d’après eux – ont de solides raisons de s’y opposer ?
Ne s’agit-il pas, avant tout, d’assimiler ces résistants aux boucs émissaires de diverses épidémies du passé : juifs et sorcières, par exemple, désignés coupables, et persécutés à mort ?
– S’il s’agit réellement de limiter la propagation mondiale du virus, comment expliquer
a) que certains pays ne disposent de vaccins qu’au compte-gouttes ?
b) que les brevets sur ces vaccins ne soient pas levés, ne serait-ce qu’au bout d’un an ?
Cumulées, ces deux questions conduisent à douter de la volonté exprimée par les États de vacciner soi-disant ‘à 100%’.
=> Ne s’agirait-il donc QUE de tirer le meilleur parti du marché, tel qu’il se présente ?