L’école libre

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« Nous, donc, c’était l’école libre.
Attention, deux écoles : celle des filles et celle des garçons. Pas question de mélanger.
L’instituteur, chez les garçons, était un prêtre. (…)
La chance de ma vie. L’école c’était la classe unique. Tous mélangés, les petits avec les grands. (…)
Un : les grands apprennent aux petits.
Deux : chacun travaille à son rythme. (…)
Dès qu’on avait fini, on pouvait passer à autre chose. Aider les petits si on était un grand. Prendre un livre dans la bibliothèque. Potasser l’histoire de France, la géographie, dans de beaux manuels pleins d’illustrations. Jamais de devoirs à la maison. La liberté, l’autonomie.
(Le vicaire-instituteur) avait fabriqué de ses mains tous les bureaux de la classe. Avec un système de goupille sous le siège – pivotant – qui permettait au bureau de s’adapter à la taille de l’élève, au fir et à mesure qu’il grandissait.
Pendant les récrés, il jouait au foot avec nous. Ou aux barres, au béret, au ballon prisonnier. Ou nous faisait construire des avions en bois d’allumettes, avec un système d’hélice à élastique, on remontait l’hélice, on lâchait tout, l’avions décollait, volait trente secondes puis s’écrasait dans la cour. On recollait, on recommençait.
Bien sûr, aussi, il pouvait être sévère, le vicaire. Il donnait des fessées avec ses mains larges comme des battoirs, qu’est-ce que ça faisait mal. Le plus terrible, c’était l’humiliation devant tous les autres. Fallait surtout pas pleurer. Sadique, le vicaire. Personne n’est parfait. »

Alain Rémond – Chaque jour est un adieu

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