Mon errance chronique me fait découvrir aujourd’hui un bar-épicerie rénové, dans un patelin où 900 habitants vivent à la limite extrême-ouest de l’Europe.
Appelons-le Plokarotez.
Ce n’est pas le premier commerce de ce type que je rencontre, mais celui-ci m’a intéressé en raison de la démarche du couple de tenanciers.
Dans certaines communes, la municipalité s’efforce de rechercher des gérants pour un ensemble bar-épicerie communal à préserver, ou à implanter.
N’empêche que la liste n’en finit pas de s’allonger des bourgs et villages que la grande distribution et les boutiques en ligne – par l’entremise de leurs clients bienheureux – assèchent et assècheront, au nom de « Le client est roi ».
Alors, cette démarche ?
L’un et l’autre des tenanciers est en retraite anticipée de la fonction publique.
Pourquoi diable se transformer en commerçants ?
Eh bien, pour exercer d’autres tâches d’intérêt public que celles qui furent les leurs en tant que fonctionnaires, m’est-il répondu.
Ma réflexion s’oriente alors vers la « retraite », mais dans une perspective différente de celle qui a préoccupé grévistes et manifestants durant pas mal de temps cette année (et fourni un joli grain à moudre aux médias) :
que faire quand on « part » en retraite ?
Se reposer enfin ?
Sourire et prendre du bon temps à longueur de journée, comme le laissent entendre les détestables publicités pour des services aux séniors ?
S’occuper des petits-enfants ou d’un parent qui en a besoin ?
Accentuer sa participation à la vie associative ?
Pourquoi pas ?
Et pourquoi pas mener une activité lucrative d’intérêt public ?
Et, « pourquoi pas N°2 », afin de s’y livrer dans les meilleures conditions, faire valoir prématurément les droits à la retraite ?
Car une partie des énergies qui font défaut se trouve peut-être chez ces personnes – du privé ou du public – disposant déjà d’un minimum de revenus, et qui pourraient donc tenter une aventure un peu risquée, comme celle du couple ci-dessus.
Une manière comme une autre de déserter…
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