Je relis divers écrits de Maurice Blanchot, cet écrivain politiquement « complexe, hétérogène, fractionné, travaillé par la contradiction » comme cela a été écrit.
Son article « Le terrorisme, méthode de salut public » parut en avril 1937 dans la revue Combat.
« Il est bon, il est beau que ces gens qui croient avoir tout pouvoir, qui usent à leur gré de la justice, des lois, qui semblent vraiment maîtres du beau sang français, éprouvent soudain leurs faiblesses et soient rappelés par la peur à la raison. Cette terreur (…) suffirait à mettre en vive lumière les bienfaits du terrorisme.
Ce mot pourra scandaliser un grand nombre. Cela n’a aucune importance, car il n’a justement pas besoin de l’adhésion d’un grand nombre. Et la méthode qu’il signifie n’est pas une méthode de propagande, mais une méthode d’action qui est rendue valable par l’impossibilité d’agir autrement à un moment où il est nécessaire d’agir (…).
Il est évident que si nous sommes disposés à tout subir, nous pourrons critiquer à loisir cette méthode. (…)
Il est nécessaire qu’il y ait une révolution, parce qu’on ne modifie pas un régime qui tient tout, qui a ses racines partout, on le supprime, on l’abat. Il est nécessaire que cette révolution soit violente, parce qu’on ne tire pas d’un peuple aussi aveuli que le nôtre les passions propres à une rénovation par des mesures décentes, mais par des secousses sanglantes, par un orage qui le bouleversera afin de l’éveiller. Cela n’est pas de tout repos, mais justement il ne faut pas qu’il y ait de repos. C’est pourquoi le terrorisme nous apparaît actuellement comme une méthode de salut public. »
Blanchot avait alors 30 ans : erreur de jeunesse ?
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Puisque j’évoque Blanchot.
Celui-ci écrira plus tard que « la police a besoin de victimes pour que l’ordre ne soit pas bafoué à l’excès. »