Hola Phil,
Gusto de saludarte.
¡Comienzo por decirte que tu mensaje me sorprendió!
Non que je n’aie pas pensé à toi de temps à autre, ces dernières années, mais je ne m’attendais plus à recevoir de tes nouvelles.
Tu me dis que tu vas participer à une réunion de projet en vue d’un écolieu en Belgique, et bien sûr, ça me parle !
Je n’ai pas eu l’occasion de te le dire puisque nous n’avons pas été en contact depuis longtemps : j’ai moi-même rejoint un projet alternatif il y a un an.
Quand toi et moi nous sommes rencontrés – ça fait déjà 4 ans, ¡hostia! que ce putain de temps passe vite ! – à la ZAD de Notre-Dame des Landes, où nous nous opposions à la construction d’un aéroport inutile – sans oublier les flics qui vont avec -, je n’avais pas du tout, mais pas du tout, cette intention.
Les choses se sont précipitées à mon retour en Espagne quand un ami m’a invitée à rencontrer quelques personnes en train de créer un village alternatif.
Je te l’avais dit, j’étais plus que sceptique quant à toute possibilité de construire quoi que ce soit d’intéressant, d’utile et – pour tout dire – de pertinent par les temps que nous vivons.
Mon scepticisme s’était même diablement renforcé par la suite. Le mouvement 15 M en Espagne et sa dérive parlementaire (qui ne porte qu’un nom : l’avidité de pouvoir), quelques contacts inaboutis avec la Coopérative intégrale catalane dont j’ai refusé d’admettre la dépendance native à l’égard de l’argent officiel (en totale contradiction, qui plus est, avec sa revendication de tout faire reposer sur une monnaie alternative, baptisée « sociale »’), tout ça m’avait fait jeter l’éponge.
Définitivement, m’étais-je dit. Je vivrais donc désormais en pantoufles, vacances payées par Telefonica, avec perspectives de progression hiérarchique ainsi que me l’avait assuré mon boss…
Rétrospectivement, j’ai honte d’avoir piloté cette année-là la merdique campagne de recrutement de ma boîte, vantant la perspective de « travail en équipe » : travail en équipe ? Tu parles ! J’étais à ce moment-là en train de me laisser happer par – comment dire ? – la loi de la nécessaire conformité. Vrai que ma formation d’ingénieure m’y conduisait insidieusement…
J’ai néanmoins accepté l’invitation de mon ami. « Peut-être n’est-on jamais à l’abri d’une surprise ! » me suis-je dit furtivement sur l’instant.
Grand merci à lui, en tout cas, puisque je m’en félicite aujourd’hui !
Pour tout te dire, j’ai accroché illico ! J’ai, le jour-même, commencé mentalement mes adieux à Telefonica.
Ça ne ressemblait à aucune des initiatives d’écovillage dont j’avais entendu parler. A ce moment-là, ils étaient cinq – trois femmes et deux hommes – et figure-toi qu’il n’y avait tout simplement pas de projet commun !
Et l’appellation ‘eco’, si usitée pour marquer une différence positive, n’y provoquait que des moues ou sourires condescendants. Aucune appellation politique reconnue non plus : ça n’était ni ‘anarchiste’, ni ‘communiste’. Rien de connu, en fait.
Ils voulaient être « irréguliers », et faisaient preuve d’une belle réflexion originale. Aucune référence, ni à la non-violence, ni à la révolution, ni à quoi que ce soit qui portât un nom d’avant eux. Mais pourtant en rupture.
Démarche prétentieuse ? Tu en jugeras par toi-même !
Je compris d’emblée que ce petit monde avait déjà parcouru pas mal de territoires, classiques ou expérimentaux, portant un nom labellisé, et en avaient conclu qu’on ne peut construire qu’ « en dehors de tout ça », ou « au-delà de tout ça » – deux expressions récurrentes chez eux, et qui le sont devenues chez moi aussi… « En Dehors » était d’ailleurs le titre d’un périodique français, datant de plus d’un siècle, affiché en lieu et place de ce qui aurait pu être le poste de télévision de leur lieu commun…
Ce qui me poussa à y revenir après la première visite, ce fut le fait – je te l’ai déjà écrit plus haut – qu’il n’y avait pas de projet commun d’ensemble, « pas de clef de voûte », comme ils disent.
Ça me travailla toute la nuit. C’était pour moi une découverte…. Quelques personnes peuvent-elles donc se mettre ensemble pour de bon, c’est-à-dire s’engager au vrai sens du terme, sans passer par une indispensable phase préalable de « Définition de Projet » selon ce que je m’étais laissé enseigner en majuscules , il y a de ça une dizaine d’années, dans un master d’ »entrepreneuriat coopératif » dont j’avais d’ailleurs vite claqué la porte ?
Pas de projet commun !
Le week-end suivant, je retournai les interroger à ce sujet.
On me déclara n’avoir pas le temps de me recevoir ce jour-là. Façon de tester ma motivation, peut-être… Je dus attendre le mardi suivant.
J’informai les Ressources humaines de mon employeur …que ma grand-mère venait de rendre l’âme ! Elle n’aurait peut-être pas apprécié ! Encore que…
Attendre le mardi dans ma Renault minimalement aménagée me permit de consacrer ces quarante-huit heures à réfléchir à cette hérésie : comment donc peut-on s’acoquiner durablement sans projet commun ?
Oui, je sais, beaucoup de couples font de même : elle est super, lui un homme costaud et bricoleur, la belle-mère fournit un logement provisoire, à deux on peut gagner assez d’argent pour survivre, et ensuite on verra… Et puis, pour le sexe, c’est commode.
Sauf que cette démarche joliment opportuniste conduit à l’échec ! Et sauf que – pire ! – après l’échec, beaucoup réitèrent de plus belle… Avec les mêmes résultats.
Conviction, d’ailleurs, que beaucoup de projets de collectifs ressemblent à ça : mon grand-père nous fait don d’une bicoque avec jardin, nous sommes tous et toutes des alternatifs, Jojo a fait un stage de permaculture et il est d’accord pour nous aider, etc.
Même prémisses, même résultats…
Ici, ce « pas de projet commun » sonnait vraiment différemment.
Dans le cas de la plupart des projets de collectifs, un écran imaginaire – fruit de la publicité d’une pensée unique bis – fournit l’illusion qu’un projet commun peut tenir en quelques idées simplistes. Jusqu’au jour fatal où l’écran ne fait plus …écran au réel ! Et ça pète lamentablement…
Je sentis intuitivement que leur « pas de projet commun » n’avait rien à voir avec ce dispositif fatal.
Indice : je n’entendis aucun mot du vocabulaire en vogue chez les alternatifs ordinaires.
Trois semaines plus tard, démission enregistrée par les Ressources soi-disant humaines de Telefonica, je garais ma Renault près du fournil désaffecté qu’avait soigneusement remis en état Esteban, et elle – la Renault – n’en a plus guère bougé depuis. Non par amour d’Esteban, mais par conviction qu’il y avait chez ces gens-là un germe non seulement nouveau, mais dont j’étais moi-même en quête.
Dois-je parler d’enthousiasme pour ce que je vis désormais ?
Non, je ne le crois pas. Je suis dans un état de fière tranquillité que je n’avais plus jamais éprouvé depuis le jour glorieux où je réussis pour la première fois à faire dix mètres à vélo. Peut-être, tout comme alors, j’ai maintenant le sentiment d’être devenu quelqu’un d’autre : tout simplement celui que j’aspirais confusément à être.
Bon, je relis ce mail : ça ne va pas t’apparaître très clair !
Mais c’est un peu de ta faute ! T’avais qu’à pas me parler de ton projet d’écolieu ! Tu m’obliges à faire en quelques minutes un retour en arrière auquel je ne m’étais pas préparée….
Ou peut-être dois-je te remercier ?
Si ce que je vis t’intéresse, tu me le dis.
Auquel cas je poursuivrai cette rétrospective – en exclusivité pour toi, espèce de revenant !
Si tu t’en fiches, je ne t’en voudrai pourtant pas le moins du monde. Je crois d’ailleurs que la plupart de gens s’en fichent, et ça n’est plus pour me démoraliser…
Quoi qu’il en soit, Bonne Chance à toi, cher Philibert !
Et que votre projet reçoive la bénédiction de votre roi Phil – aussi insignifiant que le nôtre, si j’ai bien compris, et tout aussi inutile par-dessus le marché … !
Amanda
PS – ¡Dime que esto te interesa, por favor!
2
Mi formulación » no hay proyecto común » era un poquito sucinta.
Sans doute ai-je inconsciemment cherché à te provoquer ; et, si j’en juge d’après ta réaction, j’y suis parvenu !
Mais c’est tout de même un peu ça, comme tu vas le constater en me lisant.
Puisque tu te montres avide de tout savoir sur ces gens que j’ai rejoints, je vais te brosser à gros traits quelle est leur déjà longue histoire ensemble.
Au départ, ces cinq-là étaient six. Et même, antérieurement, vingt-cinq.
Tous avaient participé à une initiative dont je ne connaissais pas l’existence – les Compagnons du Tour d’Espagne : vingt-cinq jeunes parcourent le pays durant trois ans, par grappes d’une demi-douzaine chaque fois recomposées par tirage au sort, pour mettre la main à la pâte dans onze entreprises autogérées. Le but : faire découvrir à la fois le business socialement engagé, et les diverses façons de concevoir l’autogestion. Pas du tout en tant que touristes, je le répète, car durant leur séjour, ils sont employés au même titre que les autres salariés de ces entreprises, pour une durée de deux à six mois selon les besoins des entreprises en question. Mais surtout, c’est pour ces jeunes l’occasion d’éprouver la nécessité de se former à un fonctionnement en collectif. Le programme prévoit des semaines de regroupement général où ils ont tout loisir de faire plus ample connaissance entre eux. Naquirent, bien entendu, idylles et amitiés. Des incompatibilités, aussi, sans doute, mais ils n’en parlent guère.
Six des vingt-cinq de leur promotion, dont les cinq que j’ai rencontrés, s’étaient finalement cooptés pour mener ensemble …un projet commun. Ils l’ont défini, mijoté sous toutes les coutures, mais le business plan a été recalé par la banque, ce qui les a privés du prêt sans lequel ils ne pouvaient quasiment rien entreprendre. Il s’agissait de restauration mobile. Soi-disant pas assez de garanties.
Ce temps de préparation en commun, et surtout l’échec par lequel il s’est conclu, ont fait apparaître des divergences de vues – le contraire eût été étonnant ! – mais surtout des difficultés à travailler ensemble dès lors qu’il s’était agi de leurs propres ressources futures.
Le fric – avec le sexe et les maladies d’ego – toujours au top-three des causes d’échec !
Cinq d’entre eux – Mila, les jumelles Beatriz & Brigit, Julio et Esteban – se dirent pourtant que ces mois d’existence en commun, et surtout l’expérience de leur échec, méritaient que soit pris le temps d’en faire le bilan. Après les adieux aux lâcheurs, ils vécurent ensemble en colocation durant quelques mois supplémentaires, tentant chacun.e de son côté de gagner sa croûte à de petits jobs.
Seule Mila en profita pour se former professionnellement à la boulange.
Retour aux boulots ordinaires pour les quatre autres. Absence totale de motivation. Et pour seul horizon : l’argent de la fin de semaine. Un peu juste !
Progressivement, on recommença à explorer des pistes plus motivantes.
« Habiter ensemble, ça, l’expérience prouve que nous savons faire.
Travailler ensemble, OK aussi.
Nous comprendre mutuellement, en admettant absolument nos différences (c’est-à-dire aussi … hum ! les défauts des autres), de même.
Décider ensemble ? Hum… Nous avons un peu progressé à ce sujet, mais il ne faudrait pas trop miser là-dessus : c’est tellement compliqué…
Avec ce bilan, on fait quoi ?
Un nouveau projet commun ?
Pourquoi pas autogéré avec d’autres qui embarqueraient progressivement ? En travaillant par roulement, il serait en ce cas possible d’aller parcourir le monde. »
Car voyager les titillait depuis pas mal de temps. Or le précédent projet de restauration mobile, même à six, posait inévitablement des limites à cet égard. Envisager donc quelque chose à dix, quinze, vingt afin d’être plus libres ? Mais quelle taille idéale pour que tout ça ne s’effondre pas sous le poids du nombre ?
Et puis, surtout, surtout, avec quels types de gens ? Rien que des jeunes ?
Situé à la campagne ?
Plutôt de la production matérielle, ou plutôt des « services » comme on dit savamment ?
Dans le but explicite de gagner le plus d’argent possible pour financer d’autres activités, et puis aussi tous ces voyages ? Ou juste pour assurer la subsistance ?
A les entendre, la liste des hypothèses fut pas mal longue.
Vint le moment où ils constatèrent que, sans mettre en cause leur désir de poursuivre ensemble, il était tout à fait possible que chacun.e mène tout bonnement sa propre barque de son côté.
Plus de quatre ans de proximité et même d’expérience commune leur avaient démontré que chacun.e pouvait compter sur les autres, y compris dans des circonstances un peu délicates : une affiche, à l’époque en bonne place dans leurs toilettes, proclamait d’ailleurs « Ce qui est à Toi est aussi à Moi, et aussi aux Autres. Et inversement. ».
Mais à l’avenir ? Des circonstances de tous types – amours ou désamours, par exemple – modifieraient probablement la donne !
Il fallait en tenir compte, ce qui renforça à la fois l’idée d’un projet de bonne taille susceptible d’intégrer progressivement de nouvelles têtes, et aussi celle d’activités en propre pour chacun.e.
Là-dessus, voilà deux d’entre eux partis explorer où en sont aujourd’hui les grandes communautés créées aux Etats-Unis dans les années 70, ou du moins celles qui ont survécu.
Dans le même esprit, Brigit se mit à scruter de plus près un Manifeste publié en France pour créer des Micro-Villes Irrégulières, document qu’à une première lecture elle avait jugé un peu barjot, et de toute façon parfaitement irréaliste. Tu parles : ces Micro-Villes étaient supposées réunir plusieurs milliers d’habitants !
Les voyageurs aux USA rentrèrent avec la confirmation qu’une taille importante est bel et bien l’une des conditions de viabilité des communautés alternatives. Leur estimation : à partir de cent personnes.
L’exploratrice des Micro-Villes qui, elle, avait interrogé l’auteur du Manifeste, avait reçu à sa question
« Deux ou trois mille personnes, n’est-ce pas absolument irréaliste ? Les alternatifs ne courent tout de même pas les rues ! »
une réponse pour le moins intrigante :
« Deux ou trois mille personnes, je ne me demande même pas si c’est réaliste : je sais que c’est absolument nécessaire ! Encore faut-il trouver comment… Et – ceci est nouveau pour moi – j’en suis maintenant persuadé : tant que ce ne sera qu’une affaire d’alternatifs, toute tentative sera vouée à l’échec… ».
Ce qu’ils m’ont aussi déclaré quand je suis entré en contact avec eux, c’est qu’ils bouillaient tous d’une même envie croissante de tout foutre en l’air qui ait un lien avec le « système ». Ce qui les empêchait temporairement de verser dans la casse pure et simple était qu’ils commençaient d’entrevoir qu’il y avait quelque chose de plus intéressant à faire. Certes, les luttes en tous genres et les utopies du dernier siècle présentaient un bilan peu encourageant – à l’exception notable de l’utopie capitaliste ! Pourtant, oui, en abandonnant les références non pertinentes, autre chose devenait possible aujourd’hui. Ils pensaient même tenir un bout de la pelote apparemment indémerdable !
L’idée de « chacun son projet en propre » s’était donc ancrée.
Le caractère « économique » des initiatives n’était pas abandonné, mais l’univers classique de l’économie sociale et solidaire ne leur convenait pas plus que celui du business ordinaire. Que faire, donc ?
Se confirmait aussi l’horizon d’une initiative apte à intégrer progressivement des gens qui, désabusés comme eux, sont pourtant en recherche d’une lueur. Mais ils avaient conscience d’un problème : comment n’intégrer que des gens ayant déjà connu un parcours aussi exigeant et aussi formateur que celui qu’ils avaient pratiqué eux-mêmes ? Et paradoxalement, comment éviter l’élitisme malgré cette foutue exigence ?
A la coloc, beaucoup de soirées d’hiver furent consacrées à tenter de voir clair dans tout ça. Parfois entre eux seuls, mais de temps à temps avec d’autres qui s’y associaient de plus loin.
Jusqu’au moment où, un soir, apparut le déclencheur.
Lucho, un de leurs amis, à qui il arrivait de venir partager leurs échanges, annonça qu’il avait une proposition à faire. Son père, propriétaire d’un grand domaine où il pratiquait l’élevage de chevaux en extensif, voulait passer progressivement la main. Or aucun de ses enfants n’entendait prendre la relève de cet élevage tel qu’il était :
– Votre initiative pourrait trouver place là-bas !
– Qu’est-ce que tu nous racontes ? Aucun d’entre nous n’a jusqu’ici parlé d’élever des chevaux !
– Jusqu’ici, non…
– Le domaine compte combien d’hectares ?
– Dans les sept cents.
– ! ? Tu dis sept cents ? Sept fois cent hectares ? Tu fabules !
– C’est pourtant ça : à peu près sept cents, dont plus de cinq cents d’un seul tenant.
– Mais, tu as bien une idée derrière la tête en nous jetant cet os ?
– J’ai interrogé mes frères et sœurs : sur ce domaine que veut nous céder notre père en indivision, nous pourrions contracter avec vous un bail emphytéotique de longue durée.
– Mais pour y faire quoi ?
– Vous voulez voir grand. Si vous envisagez un village de plusieurs centaines d’habitants, il vous faudra de l’espace, non ?
– C’est de la bonne terre au moins ?
– Eh bien, non. Plutôt médiocre. Mais, précisément, pour cette raison, sa cession à des non-agriculteurs ne devrait pas poser de problèmes. Vous pourrez parler de « développement territorial » : ce genre de vocable passe bien en ce moment.
– Mais les chevaux ?
– Si vous décidez de créer du neuf là-bas, je veux bien être de l’aventure et poursuivre l’élevage des chevaux : n’oubliez pas que je suis là-dedans depuis tout petit !
– En somme, tu poses donc ta candidature en apportant une sorte de dot, c’est ça ?
– On peut dire ça comme ça, oui. C’est d’un peu loin que j’ai suivi vos échanges. Je n’ai sans doute pas tout compris, mais ça m’intéresse.
Comprenez-moi. Si je n’ai jusqu’à présent pas lâché mon boulot de prof de sport, c’est pour une seule et simple raison : il me laisse assez de congés. Pourtant je me crois capable de pratiquer l’éducation physique tout autrement que dans le cadre d’un Institut d’éducation secondaire. Et les chevaux ont toute leur place dans ce que j’ai en tête ! Sauf que, tout seul, c’est bien au-dessus de mes forces. Je n’ai pas un charisme suffisant pour convaincre d’autres personnes de s’y coller avec moi. C’est votre principe « Même si chacun développe son activité, il pourra toujours compter sur les autres » qui a fini de me convaincre de vous en parler.
Il y a trois semaines, j’ai donc invité mes frères et sœurs pour leur poser la question. Puis à mon père, une fois obtenue la réponse positive de ceux-ci. Lui aussi est OK pour conclure, et dès à présent, un bail emphytéotique sur une partie du domaine. Nous pourrions l’étendre ensuite à la totalité du terrain.
– ! ?
– Si ça vous intéresse, ça m’intéresse. Si ça ne vous intéresse pas, ça ne m’intéresse pas non plus.
Inutile de préciser que la soirée fut aussi animée que la surprise était de taille !
Une fois Lucho parti, la seule vraie question qu’il faudrait appliquer à la proposition était : un prof, ça n’a malheureusement pas l’habitude de coopérer !
Voilà à gros traits, cher Philibert, le processus de gestation de ce qui, dans une quinzaine d’années, pourrait bien être devenu un vrai village… A présent, nous ne sommes encore que quinze, dont huit présents. Nous envisageons de passer à une cinquantaine sous deux ans.
Amanda
3
Me proporcionaste el papirotazo inicial, prosigo sin esperar hasta leer tus reacciones a mi mail de ayer.
Avant de te parler de mon propre parcours ici, je vais te raconter comment j’ai vu Justino faire son entrée ici.
C’est assez exemplaire de ce qu’est l’articulation entre « pas un projet commun » et « la même intention d’ensemble ».
Car, bien sûr, il y a ici, une intention d’ensemble que je te décrirai bientôt.
Julio et Justino se connaissent depuis l’école primaire. Du même quartier, ils avaient eu l’occasion de faire pas mal de bêtises ensemble.
Mais voici que Justino – grosse tête – venait de terminer ses études de médecine, avec option « médecine générale ».
– « J’ai malheureusement constaté que les étudiants de médecine acceptent de consacrer toute leur jeunesse à se faire gaver le ciboulot, sans égard pour le monde qui les entoure. Même si j’ai tenté de garder la tête hors de l’eau, je suis quand même un peu dans ce cas aussi. Mais pas entièrement.
Par Julio, j’ai eu quelques informations de ce que vous êtes en train de bâtir. Ça m’intéresse vraiment de devenir le médecin de votre futur village. Ne serait-ce que pour que vous m’aidiez à m’extraire de ma bulle ! »
La réponse des fondateurs, maintenant habituelle, fut celle qu’elle fut pour moi et qui restera sans doute la réponse standard pour tous les candidats :
Ton projet perso nous intéresse, c’est certain. Mais, comme tu le sais, tu dois te plier à la règle.
Primo, tu commences par oublier un peu ce projet. Dans six mois, nous en reparlerons. Pour le moment, tu dois choisir une activité parmi celles existent ou qui sont en train de prendre forme : tu commenceras par y collaborer d’abord durant six mois. Ou moins, si tu en choisis deux. Tu vas y apprendre des choses que tu ne connais pas. Et, parmi ces choses, la plus importante : comment l’activité d’une personne s’insère-t-elle avantageusement dans une intention d’ensemble ?
Secundo, tu auras à te former à la vie collective, ce qui n’est pas une mince affaire après des siècles de progression de la primauté de la vie individuelle. Nous verrons ensemble comment faire sur ce point. Commence à chercher par toi-même. Ce type de formation ne court pas les rues, mais ça se développe. Nous pourrions, par exemple, te conseiller un « camp d’entraînement à décider en commun » que Beatriz a eu l’occasion d’expérimenter. Il existe quelque autres possibilités.
Justino connaissait l’une comme l’autre de ces exigences.
Le LieuDit – ainsi se nomment provisoirement des terres sur lesquelles nous sommes installés – veut ne recevoir que des personnes déjà pas mal dégrossies quant à la vie en collectif. Or Justino, au bout de ses études de médecine, n’était pas vraiment dans ce cas-là !
Au final, nous verrons Justino faire équipe avec Mila, au bord de la départementale, pétrissant, enfournant et défournant. Il se chargera très tôt des tournées de livraison de pain. Puis, il montera le projet d’une épicerie ambulante pour compléter ces tournées … et, au bout des six mois, décidera que l’épicerie en question sera son projet perso ici ! Ben oui !
C’est ainsi que, il y a trois semaines, il a fait sa première tournée d’épicier… Une vraie fête a marqué son passage de « projet » à « activité ».
Je précise qu’en complément, il commencera bientôt une activité d’infirmier au chef-lieu de canton, situé à une vingtaine de kilomètres. Les mardi et jeudi, jours sans tournée de pain et d’épicerie, bien sûr ! Et ce, dans un cabinet infirmier de groupe, bien décidé à se frotter à un autre type de travail en collectif…
Dans mon prochain mail, je compte être plus explicite sur ce que nous nommons « l’intention d’ensemble ».
D’ici là, j’aurai peut-être lu de nouveaux commentaires de ta part ?
Amanda
4
Tu me parles longuement de ta préoccupation écolo mon cher Phil !
C’est tout à fait honorable, je te l’accorde, et vous n’êtes pas les premiers créateurs de villages alternatifs à placer l’écologie en tête des buts et préoccupations du collectif. Parfois même, l’écologie va jusqu’à en constituer la raison d’être.
Chez nous, au LieuDit, non que l’écologie n’ait pas sa place, mais c’est en somme une affaire privée. Car c’est l’un des sujets sur lesquels l’entité LieuDit s’est juré de ne jamais se prononcer en tant que telle. Prochainement, je te décrirai comment elle se prononce sur des sujets qu’elle estime être de portée collective ; excuse-moi, mais je ne peux pas tout décrire en même temps !
De même que chacun vote ou non (contrairement à votre pays, ici le citoyen a le droit de ne pas voter !), de même chacun voit l’écologie à sa manière : et je t’assure que les options sont déjà diverses, même si nous ne sommes encore que quinze !
Les débats informels que nous avons à ce sujet laissent nettement transparaître la méfiance que nous avons à peu près tous devant les risques d’intégrisme écolo, pour dire vite. Risque que ça commence par des indications de bonne conduite écolo, et que ça se durcisse en règles absolues ; c’est peut-être d’ailleurs ce qui est en train de se profiler pour la société tout entière.
Je crois pouvoir dire que, si quelqu’un se voit un jour expulser d’ici, ce pourra être par exemple, pour harcèlement sexuel, ou pour incapacité à insérer son activité dans l’intention d’ensemble, mais pas pour déviance dans le domaine écologique.
Tu comprendras donc que l’appellation « écovillage » n’a pas de pertinence ici !
J’en viens donc à cette fichue expression « intention d’ensemble », et à ce qu’elle implique, jusque dans notre fonctionnement.
Bien sûr que si nous sommes réunis, c’est parce que nous avons des choses à partager et à faire ensemble. Même si le mot « intention » n’est pas le plus approprié, il a l’avantage de désigner quelque chose qui sera toujours à venir.
Et la forme de ce quelque chose, eh bien nous ne cherchons pas à la fixer a priori ! Etonnant, non ?
L’image que nous adoptons parfois pour exprimer ce que nous faisons ensemble est celle d’un corps vivant. Nous ne savons pas comment s’y prend un dieu créateur quand il veut créer un premier corps vivant, mais nous avons une petite idée de comment ça peut se faire, ici.
Je viens d’évoquer d’éventuelles expulsions. Ben oui, c’est là une des formes négatives qu’il n’est pas exclu de pratiquer pour garantir la bonne issue du processus d’émergence !
De manière positive, nous créons ce qui nous semble être les « organes » appropriés. L’idée c’est que l’organisme qui les rassemble puisse vivre et croître selon ses forces propres. Entre autres, donc, se défendre contre des risques et dangers tant internes qu’externes. Nous avançons très précautionneusement.
Nous avons longuement discuté de la manière de gouverner le LieuDit quand il comptera ne serait-ce que les premières cinquante personnes, c’est-à-dire dans pas si longtemps.
Les élections ou les délégations, même temporaires et même avec toutes les précautions – tirage au sort, révocation, etc. -, nous les excluons absolument au niveau du LieuDit dans son ensemble. Par contre, ces pratiques pourront trouver place au niveau de telle ou telle activité qui viendrait à se développer, ou au niveau des grappes d’habitation, c’est-à-dire au niveau de ce que nous appelons nos « organes ».
Le LieuDit – ceci est notre credo – doit vivre et croître spontanément à partir des multiples types d’organes qui le constitueront.
J’en parle avec d’autant plus de conviction que c’est l’un des sujets qui était en plein débat quand j’ai posé ma Renault ici : j’ai donc eu la chance d’être l’un des acteurs qui ont fixé cette conception du LieuDit comme un organisme auquel il ne faut pas appliquer les modes de gouvernance les plus habituels. Mon image maîtresse a été – car elle me fascine depuis toujours – celle d’un vol d’oiseaux : c’est en prenant sa place et en jouant son rôle dans le vol collectif que chaque oiseau participe aux « décisions » quant au vol et ainsi à sa réussite. Par bonheur, et comme je l’ai pressenti dès le premier jour, j’étais très en phase avec le noyau des initiateurs, sur ce sujet comme sur d’autres.
Dans un prochain mail, je développerai ce qui concerne les « noyaux », dont celui que je viens d’évoquer.
Et puis, je te dirai ce que je fais ici, au quotidien : il serait bien temps que je réponde à tes questions à ce sujet ! Mais j’ai pensé que tout ce que je t’ai décrit jusqu’ici est nécessaire pour que tu saisisses de quoi je parle.
Me vient une idée, en terminant : dans deux mois, nous recevrons durant une semaine des personnes qui se seront montrées intéressées à rejoindre notre LieuDit. Veux-tu que je te tienne au courant ? Bien sûr, il faut présenter un projet en accord avec l’intention d’ensemble du LieuDit. Ou plutôt, un projet révélant que ta présence va pousser le LieuDit plus loin dans sa propre direction.
Amanda
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Tu veux donc savoir à quoi j’occupe mon temps ici. Eh bien, je construis.
En périphérie des 500 hectares, ont été définies trois zones – Gaspar, Melchior et Balthazar (c’est pas une blague, je t’assure, ils avaient tiré ceux-là au sort parmi une large collection de triades). Ces zones sont déjà reliées entre elles par des voies sommaires : dans une perspective rudimentaire d’urbanisme, ça avait constitué le premier travail commun du NoyauUn. Heureusement, le terrain est plat ; ces itinéraires sont donc prévus pour une circulation sans moteur : piétons, cycles en tous genres. Bien sûr, pas de chevaux sur ces voies : les équidés ont ici, et depuis longtemps, leur propre réseau.
Chacune de ces trois zones reçoit d’emblée un minimum de bâti en dur : des murs sommaires destinés aux nouveaux arrivants pour qu’ils puissent y habiter un temps. Beaucoup à base de récup’.
C’est autour de ces balises provisoires que commencent à se développer des activités.
J’ai opté pour Melchior. Et c’est là que j’habite et que je construis.
Le « projet » avec lequel j’ai posé ma candidature, et qui a été validé durant ma phase d’ »aspirante », était de concevoir et réaliser ici des équipements mobiles pouvant accueillir au minimum une centaine de personnes.
J’avais ce projet en tête depuis des années. Mais, un peu comme Lucho, je ne me voyais pas m’y lancer seule comme le font des personnes plus téméraires. Il m’est apparu que, en diverses circonstances, un lieu beau et chaleureux faisait défaut. L’exemple qui a convaincu le NoyauUn a été celui des obsèques civiles pour lesquelles on ne trouve généralement pas de lieu satisfaisant. Bien entendu, je ne pense pas qu’aux obsèques en réalisant ce à quoi je me suis attelée ! Mais l’idée a plu, parce qu’un lieu, ici, pour répondre à un des besoins de l’environnement, proche ou moins proche, voilà qui peut renforcer le lien entre le LieuDit et son voisinage. Mais l’équipement étant mobile – en principe, il sera démontable et remontable dans la même journée – il n’a pas vocation à servir qu’ici ; le LieuDit sera en quelque sorte son port d’attache…
Sur le plan concret, je ne t’en dis pas plus pour le moment, mais si tu penses « chapiteau », tu te fais une idée bien trop faible de ce que ce sera !
Pense plutôt à un assemblage de tentes bédouines, yourtes et dômes. Il ne s’agit pas seulement d’une pièce, ni même de deux ou trois pièces : les couloirs et autres lieux généralement considérés secondaires y ont une aussi grande importance. On doit pouvoir « vivre »aussi dans ces couloirs: à mes yeux, c’est fondamental.
Je reprends paradoxalement le cas de cérémonies mortuaires : le défunt et ses proches pourront y trouver place durant plusieurs jours. Le moment d’un décès peut être très chaleureux : exposition du cadavre, obsèques proprement dites, mais aussi restauration et veillées. Si les conditions s’y prêtent, l’événement peut être l’occasion de resserrer les liens familiaux et amicaux. Les autres rassemblements que pourra héberger mon xxx (il ne porte pas encore de nom, je cherche, nous cherchons, as-tu une idée ?) – congrès, concerts, mariages, théâtre, etc. – pourront, eux aussi, y prendre une forme plus chaleureuse que d’ordinaire.
Ne trouves-tu pas que nous vivons habituellement dans un monde trop brutal ? L’intention d’ensemble, ici, consiste à prendre le contre-pied de cette situation désastreuse.
Tu auras compris que le LieuDit n’est pas qu’une écloserie de projets diversifiés. C’est ça, mais c’est bien plus que ça. Tous les projets qui trouvent place ici se situent dans l’optique de développer la chaleur humaine.
Nous pensons que l’un des enjeux de notre époque consiste à créer des contextes chaleureux, antidote à ces produits en tous genres promettant le bonheur, et que la propagande du marché cherche à nous vendre. J’ai récemment appris que l’Epicurisme – souvent présenté comme la simple glorification de la jouissance – est en réalité né comme une alternative politique au « système » de son époque, estimé irréformable « par le haut ». Le savais-tu, toi ? Peut-être sommes-nous donc des épicuriens qui s’ignorent ?
Amanda
PS – Tu me demandes s’il y a ici une Charte dont d’autres initiatives pourraient s’inspirer. Un seul mot constitue la charte du LieuDit : Bienveillance. Une bienveillance a priori. Ce qui n’exclut ni la franchise, ni la rigueur ! Une bienveillance sans complaisance, en somme.
Tu m’interroges aussi à propos des « noyaux ». Je t’ai déjà dit qu’il n’y a pas de gouvernement au LieuDit. Ni démocratique ni autre. Il n’y en a pas maintenant et il ne doit pas y en avoir plus tard. Tout juste y a-t-il une instance qui se prononce avec plus d’autorité quand il y a une divergence mettant en jeu l’orientation – voire l’existence-même – du Lieudit : le « Noyau », une sorte de juge collectif. Pour le moment, ce sont quatre des initiateurs qui se sont auto-désignés pour le constituer. Dans deux ans, sa composition sera renouvelée ; les discussions vont bon train à ce sujet…
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Il me semble nécessaire, mon cher Phil, d’insister sur un point, qui a un rapport avec ce que je t’ai écrit sur l’épicurisme.
Toi et moi avons donc fait connaissance à la Zad de Notre-Dame des Landes. J’ignore l’impact que ton séjour là-bas a pu avoir sur toi. Moi, ce bain dans une rébellion-qui-invente-et-construit m’a vraiment marquée, si j’en juge d’après le fait que je m’y réfère amplement pour concevoir mon quotidien. Les autres habitants du Lieu-dit étaient, avais-je cru, peu enclins à donner à notre expérience une dimension de résistance politique. Certes, tous se voulaient en marge du « système », mais j’avais cru que l’idée de le combattre activement ne les motivait aucunement. Ou plutôt : j’avais compris que construire en marge était, à leurs yeux, la meilleure manière de le combattre. Quand j’ai mis cette question à l’ordre du jour de notre réunion d’orientation, je m’attendais donc à ne pas être entendue. Or, ce qui en a résulté fut, à ma grande surprise : « Amanda est invitée à nous proposer une manière différente de celle des militants politiques habituels pour que le Lieudit se connecte plus étroitement à quelques groupes en résistance à l’ultra-capitalisme dans le monde ».
J’ai découvert, à cette occasion, que j’étais bien moins branchée sur l’international que la plupart des initiateurs qui, eux, avaient déjà évoqué ça au tout début de leur initiative : Beatriz, d’ailleurs, continuait de se tenir au courant de l’actualité des zapatistes du Chiapas, et je n’en savais rien ! C’est ainsi que nous avons reçu un petit groupe d’indigènes mexicains grâce à qui nous prenons conscience de la réalité des attaques dont ils sont l’objet de la part des entreprises minières ou de l’énergie éolienne, appuyées comme il se doit par l’Etat mexicain. Bizarrement, c’est par ce canal que nous sommes entrés en lien avec d’autres initiatives en Espagne et dans les pays proches. Une rencontre aura même lieu ici, bientôt, sur le thème : « Résister concrètement ».
Quel impact sur mon activité au quotidien, te demanderas-tu ? Eh bien, d’une part, mon imagination est fertilisée par les apports de ces visiteurs venus d’un autre monde, et d’autre part, je m’efforce de rechercher ce qui, dans mes découvertes au jour le jour et même ma production, peut être transféré aux communautés d’où viennent ces témoins. Et puis, tout simplement, les espaces que je « construis » vont être inaugurés lors de la rencontre que je viens d’évoquer : à moi de faire en sorte que les lieux soient à la hauteur des objectifs que s’est fixé cet évènement. Une cinquantaine de personnes est attendue, de cultures et de langues différentes, qui seront présentes, pour certaines quelques jours seulement, et pour d’autres un mois, voire plus ! Dans la longue histoire de l’architecture, il est déjà arrivé que des inventeurs se soient posé la question de leur contribution à une société révolutionnée. A ma modeste place, je tente d’aller dans cette même voie.
Amanda
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Je veux te dire deux mots d’une question posée par un visiteur « Est-ce que, très occupés et préoccupés comme vous l’êtes par vos projets et réalisations, vous parvenez tout de même à vous préoccuper aussi de vous-mêmes ? ».
Eh bien, « vous-mêmes », nous l’entendons en tant qu’individus, mais aussi entant que collectif…C’est pourquoi nous avons des pratiques de « développement collectif ». Par exemple, l’Etincelle (je t’expliquerai). Par exemple, les vacances obligatoires.
Quant à « vous-même », au niveau individuel, nous ne sommes pas enthousiastes pour ce qu’on appelle le développement personnel. C’est plutôt le collectif que nous prenons comme moteur vers l’approfondissement de « qui je suis »
Tu n’as pas réagi au mail où je te disais que nous recevrons durant une semaine des personnes qui se seront montrées intéressées à rejoindre notre LieuDit. Je suppose que tu as autre chose à faire ?
Amanda