Giono

D’avoir lu et relu, et re-relu Giono…
– Ah ! L’homme qui…
– J’te parle pas de ça !
– Ben quoi, alors ?
– Plutôt ces quelques coups de pioche :
– Ils n’avaient plus d’espoir pour peser sur leurs épaules.
– C’est orgueilleux de son appétit et ça fatigue le pauvre monde avec ses exigences de riche.
– Si tu connais seulement un homme, tu ne peux pas croire à Proudhon. Là-dedans (…) ce n’est que désirs et jouissances. Là-dedans, ça n’est que de la mécanique pour nous lancer à la chasse du gibier de nos bouches et de nos… L’aide aux autres, ça n’y est pas là-dedans. Mutualité ? Merde.
– Les ouvriers et les paysans, nous sommes maintenant tout pilés dans notre drap de mort et on a bien attaché les bandes ; et on nous a mis la mentonnière comme aux morts pour nous empêcher de parler.
– Le destin a son travail tout tracé. Il s’est levé avant nous. Il a dit : je ferai ça, ça et ça. Et il le fait.
– Le vent, les oiseaux, les fourmilières mouvantes de l’air, les fourmilières du fond de la terre, les villages, les familles d’arbres, les forêts, les troupeaux, nous étions tous serrés grain à grain comme dans une grosse grenade, lourde de notre jus.
– La fureur d’exister éternellement qui avait donné odeur aux brebis et faisait se battre les béliers me dévorait aussi. « Anne ! »
– Ouvre le buisson et prends le poisson qui chante sur la branche. (…) Il y a une chose plus extraordinaire que ça. Et pourtant ça existe : l’espérance.
– Si encore tu étais mort pour des choses honorables : si tu t’étais battu pour des femmes ou en allant chercher la pâture pour tes petits. Mais non, d’abord on t’a trompé et puis on t’a tué à la guerre.
– Qu’est-ce que tu veux que j’en fasse de cette France que tu as, paraît-il aidé à conserver, comme moi ? Qu’est-ce que tu veux que nous en fassions, nous qui avons perdu tous nos amis ? Ah ! S’il fallait défendre des rivières, des collines, des montagnes, des ciels, des vents, des pluies, je dirais : « D’accord, c’est notre travail. Battons-nous, tout notre bonheur de vivre est là. » Non, nous avons défendu le faux nom de tout ça. Moi, quand je vois une rivière, je dis « rivière » ; quand je vois un arbre, je dis « arbre » ; je ne dis jamais « France ». Ça n’existe pas.
– Les poètes n’allaient plus aux champs, ils bavaient dans des clairons. Pendant ce temps, le lait de la terre ruisselait dans toutes les herbes, et la gloire de bêtes et des arbres montait. Les hommes trop nourris avaient oublié leurs génitoires ; ils faisaient l’amour avec du pétrole et des phosphates, des choses sans hanches ; ça leur donnait envie de sang.

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