J’écrivais à un ami, en octobre 2020 :
Nous entrons dans un nouveau monde où nous ne pourrons plus échapper à la radicalisation : nous serons d’un bord ou de l’autre.
Ce qui se passe, ces heures-ci, dans ce pays et dans d’autres, n’est pas seulement une tranche d’histoire d’une épidémie : c’est une révolution qui vient d’en haut, dont les premières notes ont été émises il y a longtemps, mais qui fleurit cet automne.
L’entrée, pour chacun, s’y fait
– soit par la porte « Plus de sécurité »,
– soit par celle « Ce qui se prétend sécurité est un danger grave ».
Les camps se forment ainsi.
Le combat a déjà lieu dans la rue et dans les maisons : j’expérimente tout simplement que le simple face-à-face tend à y devenir guerrier.
Monsieur Kundera, lui, écrit ceci dans L’Immortalité :
Le monde a atteint une frontière ; quand il la franchira, tout pourra tourner à la folie : les gens marcheront dans la rue en tenant un myosotis, ou bien ils se tireront dessus à vue. Et il suffira de très peu de chose, une goutte d’eau fera déborder le vase (…).
Il y a une frontière quantitative à ne pas franchir ; mais cette frontière, nul ne la surveille, et peut-être même que nul n’en connaît l’existence.