Si j’énonce crûment : ‘Non seulement ce monde est enchanté, mais il est de surcroît enchantable’, je passerai pour un idéologue.
Si je réquisitionne l’expérience de J-M, m’abstenant de formuler cet énoncé, j’obtiendrai ce me semble plus de chances de transmettre ma conviction.
Quoi J-M ? Eh bien, en y mettant des années, il a conçu et construit l’embarcation qui lui permet de passer désormais tout son temps sur l’eau. On le trouve aujourd’hui probablement quelque part sur la Loire, devenu le seul humain la chevauchant nuit et jour et par tous les temps, se mouvant ou non de quelques mètres par jour. ‘Sa’ Loire l’enchante certes mais, à mes yeux, c’est surtout lui qui l’enchante. Le nom de son bateau : Le chant des roseaux.
Quand, jeune adulte, je lisais la critique marxiste de la notion de ‘besoin’, je m’interrogeais lourdement : tout de même, refuser ainsi de juger d’une société en fonction de sa capacité à satisfaire les besoins de ses membres !?? J’ai, depuis, compris que le BEM constitue le Vatican – prétendument éclairé et infaillible – de l’approche par le besoin, nous conduisant à travers l’obscurité jusqu’à ce que nous nous retournions complaisamment nous-mêmes comme un gant.
M’interroge le mot ‘envie’. N’est-ce pas le ressort le plus aisément excitable de notre configuration individuelle ? Et serait-ce pour cette raison – facilité – que le feu de la consommation d’idoles parvient à s’entretenir sans qu’affleure jamais la perspective qu’il se couche à l’horizon ?
Gaston Bachelard – Psychanalyse du feu : ‘L’homme est une création du désir, non pas une création du besoin.’
Retour à J-M. : assouvit-il des besoins ? Ou fait-il ce dont il a envie ? Ou montre-t-il tout simplement qu’il refuse de céder sur son désir ?