Nietzsche : ‘Ne pas accorder de crédit à une idée qui ne serait pas venue en plein air au cours d’une marche’. J’ai peine à imaginer que le moustachu ait tant marché de son vivant. Ou bien n’accorda-t-il pas crédit à tout ce qu’il écrivit ? Pour ma part, bien que nomade tant physique que mental, j’ai probablement un petit déficit de ce côté…
Hier, c’est du côté d’une haute institution intellectuelle que je suis allé alimenter mon indétermination. De grands penseurs français + un grand penseur états-unien, ça peut aider, non ? Au fait, aucun d’entre eux, ni d’ailleurs pas une seule personne parmi les centaines réunies dans l’amphi ne portait de cravate ; seuls les – très nombreux ! – vigiles arboraient ce reste de signe de prééminence nous venant tout droit de la préhistoire… Si je confronte les pontes du jour aux statues de leurs prédécesseurs trônant en ce même sanctuaire, l’apparence n’a plus autant d’importance à qui veut en imposer. Est-ce mieux ?
à la pause, je parle un peu avec un jeune de Sciences Po. Le livre de cours qu’il parcourt parle de ‘souveraineté’. Je lui/me demande si ce mot ne recouvre pas une fiction, une chimère. ça lui donne à réfléchir. Toujours est-il que son livre n’esquisse même pas cette question. Au bout de sa réflexion, il me dit son étonnement que, à mon âge, on soit encore nourri d’interrogations. Peut-être oublie-t-il que Russel, l’un des mânes invoqués au cours de cette rencontre, assignait pour but à la philosophie se nous apprendre à vivre sans certitude, ajoutant d’ailleurs que ça peut être douloureux, comme s’avérer stérile…
J’y pense : quand le même Russel écrit que ‘l’amoureux, le mystique et le poète sont également des chercheurs de connaissances’, apporte-t-il de l’eau au moulin de A., au sujet de son ‘oisiveté productive‘ ? Au demeurant, en les désignant comme faisant preuve d’une ‘foi animale‘, il les disqualifie tout de même quelque peu, non ?