école
« Le passage du breton au français, qui a marqué notre première scolarité, fut une période des plus pénibles. Si j’avais su, avant mon départ en pension, à quel point ce serait difficile, je crois que j’aurais tout simplement disparu dans la nature. Mais comment deviner que l’on m’interdirait de parler dans ma langue maternelle ? Je pensais pouvoir m’accommoder des deux langues; « distriper » à ma façon, avec quelques mots de français et du breton le reste du temps.
En réalité, que de difficultés nous attendaient ! Que de larmes, quand le sens de la leçon nous échappait. Parfois, la sœur ne parlait pas assez fort ; d’autres fois, elle allait trop vite. Et de nous questionner : « Qui a compris ? » Elle nous faisait mette debout pour s’en assurer : « Allez, Yvonne, répète ce que je viens de dire. » Que faire ? Je fondais en larmes devant toute la classe. »