Mules

école

« L’exposé sur l’abolition des notes et des examens suscita chez la plupart des étudiants une réaction de refus ou d’incompréhension.
Une étudiante déclara naïvement (ah ben oui, les étudiantes c’est naïf, n’est-ce pas Mr R.M. Pirsig ?) :
– Mais on ne peut pas supprimer les examens. C’est pour ça qu’on est là !
Ce qu’elle disait était vrai.
Le mythe selon lequel les étudiants vont l’université pour l’enseignement qu’ils y reçoivent, et non pour les diplômes qu’ils obtiennent n’est qu’un mensonge hypocrite que personne ne veut dénoncer.
Il y a bien quelques étudiants animés d’un réel désir d’apprendre, mais la routine et les rouages de l’institution universitaire les ramènent bien vite à une attitude moins idéaliste. » (c’est moi, La Docte, qui mets en gras)

Expérience
« A un étudiant, on confiait, dès le premier cours, un sujet à traiter et, par habitude, il se mettait aussitôt au travail.
Mais, à la longue, le cours perdrait pour lui de son attrait et, parce qu’il découvrirait en dehors de l’université d’autres occupations et d’autres motifs d’intérêt, il lui arriverait de ne pas pouvoir rendre son travail à temps.
Le système des notes n’existant plus, l’étudiant ne subirait aucune sanction, les cours suivants seraient toujours plus difficiles à suivre et, du même coup, perdraient peu à peu tout intérêt.
Il continuerait à ne rien faire, trouvant le travail de plus en plus ingrat.
Toujours pas de sanction.
Ainsi, cet étudiant type, sans ressentir ni rencontrer la moindre hostilité, se serait exclu lui-même de l’université. Parfait ! C’est ce qui devait lui arriver.
Il n’était pas venu pour apprendre, donc il n’avait rien à faire à l’université.
Il économise de ce fait une somme importante d’argent de d’énergie, et il ne sera pas marqué à vie par les stigmates de l’échec.

Le problème le plus important, c’est la mentalité d’esclave qui a été insufflée aux étudiants, pendant des années, avec cette politique de la carotte et du bâton !
Une mentalité de mule : si tu ne me bats pas, je n’avance pas.
(…) On n’avait pas battu l’étudiant, il n’avait pas travaillé.
Il ne prendrait jamais sa part dans l’édification de la société. Mais cela ne représente une tragédie que si l’on considère que la société est édifiée par des mules. C’est un point de vue communément répandu. (…)

La civilisation, le système, la société, de quelque nom qu’on l’appelle, doivent être édifiés par des hommes libres.
En supprimant les notes et les examens, on n’a pas pour but de brimer les mules ou de s’en débarrasser, mais de créer des conditions où se forment des hommes libres. »

Robert M. Pirsig – Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes

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