Cancer scolaire

école

On ne peut parler d’école sans faire référence à Ivan Illich.
Mais c’est une gageure que de résumer comment cette tête à mille yeux voyait l’école.
D‘autres ont essayé.

Partons de son ouvrage « Deschooling Society« , alias « Une société sans école ».
(titre qui, pour dire vrai, se fût tellement mieux traduit par « Déscolariser la société »)
Il proposait tout simplement de mettre à bas ces institutions unanimement vantées par les tenants du « progrès humain » : école, hôpital, etc.
Pourquoi ?
En raison des évidents effets pervers de toutes ces institutions.

Chargé lui-même d’organiser des institutions scolaires, il se dit en substance :
« C’est quoi, ce truc ? Jusque-là, je n’y avais jamais vraiment réfléchi. Ça va me prendre dix ans. »
Il constate que l’école produit plus d’échecs que de succès.

Quand Illich parle de scolarisation, il désigne selon un de ses collaborateurs et continuateurs :

  • l’obligation faite à tous d’aller à l’école pendant une période de cinq à quinze ans et d’être présent physiquement dans des établissements spécialisés ;
  • le regroupement des élèves dans des groupes de 20 à 50 personnes ordonnées et hiérarchisées par niveaux, par classes (cinq), par âges, à parcourir en sens unique ;    
  • l’imposition à tous de programmes décidés bureaucratiquement par une administration le plus souvent étatique et centralisée ;
  • le droit d’enseigner réservé à une catégorie de professionnels disposant d’un monopole radical ;
  • la sélection des personnes sur la base d’apprentissages sanctionnés par des notes, des examens et des diplômes ;
  • un enseignement dispensé dans des lieux spécialisés, coupés de la vie ordinaire et empêchant toute autre activité pendant 500 à 1 000 heures par an.

« Toutes les nations sont unies dans leur désir de développement et toutes considèrent l’instruction universelle par la scolarisation comme sa condition préalable.
On cherche à augmenter l’ENB (Éducation nationale brute) avec la même ardeur que le PNB (produit national brut) et pour les mêmes raisons.
Même les pays qui attaquent avec le plus d’acharnement l’hégémonie des grandes puissances acceptent sans discussion les structures qui caractérisent les institutions fondamentales du système d’enseignement des membres permanents du Conseil de Sécurité.
Les anciennes colonies peuvent faire l’expérience de nouvelles méthodes pédagogiques, de nouveaux programmes, de nouvelles conditions d’admission.
Elles peuvent essayer de transférer leurs écoles de la ville à la campagne.
Mais, quoi qu’elles fassent,elles considèrent la scolarisation comme une nécessité incontestable. »

« Si le diagnostic est ainsi relativement simple, pourquoi est-il si difficile de prévoir le traitement qu’exige le cancer scolaire ?
Il faut chercher la réponse au cœur même du processus scolaire.
Il nous est difficile de voir au-delà de l’école parce que les écoles nous rendent incapables de voir, du fait qu’elles transforment les connaissances en un produit. »

Une présentation des thèses d’Illich
— l’éducation universelle par la scolarisation n’est pas viable, et elle ne le serait pas davantage
si l’on tentait d’y accéder par le biais d’alternatives institutionnelles élaborées sur le modèle
du système scolaire actuel ;
— ni de nouvelles attitudes des maîtres envers leurs élèves, ni la prolifération de nouveaux
outils et de nouvelles méthodes, ni une extension de la responsabilité des enseignants à tous
les aspects de la vie de leurs élèves ne conduiront à l’éducation universelle ;
— à la recherche actuelle de nouvelles méthodes de « gavage », il faut opposer une autre
recherche qui soit son antithèse institutionnelle : la mise en place de réseaux éducatifs qui
augmentent les chances d’apprendre, de partager, de s’intéresser ;
— il ne suffit pas de déscolariser les institutions du savoir, il faut aussi déscolariserl’ethos de la société. »

« A partir de ce postulat général, Illich soutient que le prestige de l’école en tant que soi-disant pourvoyeuse de services éducatifs de qualité pour la population dans son ensemble repose sur une série de mythes
qu’il définit comme suit :
Le mythe des valeurs institutionnalisées,
Le mythe des valeurs étalonnées,
Le mythe des valeurs conditionnées,
Le mythe du progrès éternel. »

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