– Chaque élection est un coup porté à la démocratie.
Bizarre ! Mon interlocutrice s’exprime ainsi, alors qu’elle appartient à un groupe en train de préparer …les prochaines élections.
– L’on constate, me dit-elle, que la proportion d’abstentionnistes croît sans cesse.
L’on sait aussi que, parmi eux, un tiers au moins, en s’abstenant, exprime un point de vue critique sur la pratique même de l’élection comme elle nous est présentée : soi-disant naturelle.
L’on sait, enfin, que si, parmi ceux qui votent, un bon nombre ne s’abstient pas c’est pour des raisons connues : peur du qu’en dira-t-on, argument-massue du « il y a des pays où les gens n’ont même pas le droit de vote », etc.
Notre petit groupe s’est constitué de gens qui se demandaient comment regonfler la démocratie à partir de ce phénomène de l’abstention.
Et nous en sommes venus à ceci : présenter des abstentionnistes comme candidats aux élections.
– Pour le moins paradoxal ! Tout de même, si « chaque élection est un coup porté à la démocratie », comme vous l’affirmez, je ne vois pas ce que vous allez y changer !
– Eh bien, voici. Les candidats se présentent habituellement comme des conquérants faisant valoir un quasi-droit, quand ils ne s’estiment pas tout simplement propriétaires d’une part du cheptel des électeurs.
L’idée n’est évidemment pas de singer ce comportement.
Un candidat devrait être modeste, s’interdire de placer de soi-disant réponses avant les questions, rendre des comptes, se savoir révocable en cours de mandat, et surtout, selon nous, se considérer comme un véritable porte-parole d’autres actions démocratiques bien ancrées dans le paysage politique, et pas seulement d’intérêts partiels ou de lobbies de couloirs, etc.