Le temps dit « libre », pour nous qui sommes intimement colonisés par tous les bouts, est celui que laisse plus ou moins vacant le programme du patron.
Or le temps de travail raisonnable serait celui que nous laisserions, au sein de notre univers perso, plus ou moins vacant pour les besoins du patron.
A Bali, les salariés ne sont pas loin de ça.
Le fiu d’îles océaniennes conduit aussi à ça.
Peut-être le mora-mora malgache également.
Le temps contraint apparaît massivement avec l’industrie manufacturière.
Et l’école obligatoire – phénomène concomitant, tiens-tiens ! – est un dressage pour cette nouvelle civilisation, où les gens doivent apprendre à mesurer le temps, et à se contenter du temps fractionné qu’on leur laisse, jusqu’à oublier définitivement qu’un temps non fractionné leur appartient, à eux, et non pas au patron. Ce dressage dure, et dure : des années pour tout le monde, et souvent le double pour les futures élites.
Et ça marche. La preuve : très peu à l’ordre du jour est Le droit à la paresse de Lafargue, écrit au moment où naissait, précisément, cette école obligatoire.
L’usage de l’expression « temps libre » est aussi putassière que bien d’autres vocables dont, hélas, nous nous accommodons, sans même plus y réfléchir.
Bien souvent les mots « libre », « liberté », « libéral », etc. servent à nous obstruer l’entendement.
Pôvres de nous…