école
« Assurez les savoirs de base et revenez aux fondamentaux.
Avant toute chose apprenez aux enfants, à lire, à écrire et à compter ! »
« Pourquoi cette injonction simple, faite de façon insistante depuis quelques années aux enseignants, ne produit-elle aucun effet visible sur les statistiques de l’échec scolaire ?
Parce que cette idée forte et logique, que tout homme ou femme sensé ne peut que défendre et approuver, contient en elle le piège qui va se refermer inexorablement sur l’institution scolaire.
En effet, le problème majeur des élèves qui résistent fermement devant les savoirs de base, et ils sont environ 15 % dans ce cas, n’est pas le manque d’entraînement ou de sollicitation personnalisée pour acquérir les fondamentaux.
Il s’agit de tout autre chose, il s’agit de cet empêchement de penser que l’école ne s’est pas encore donnée les moyens de traiter.
Ces enfants souffrent d’un mal que le retour aux méthodes anciennes et à l’autorité ne saurait atténuer.
Ils ne peuvent pas affronter le doute lié à l’apprentissage sans réactiver simultanément des inquiétudes identitaires et des sentiments de frustration, qui perturbent leur fonctionnement intellectuel.
Ce mécanisme les pousse à se fabriquer, au fil des années, une carapace anti-apprentissage qui en fait des intouchables pour nos professeurs de collège.
La spécialité des enfants intelligents qui n’accèdent pas aux savoirs fondamentaux est d’inventer des moyens pour figer les processus de penser.
Les idées d’auto-dévalorisation et de persécution que nous voyons si vite fleurir chez eux dans le temps de la recherche et de la réflexion en sont les signes les plus visibles… »
Nous ne réduirons pas l’échec scolaire sans traiter l’empêchement de penser
Serge Boimare Dans Ces enfants empêchés de penser (2009), pages 163 à 166