École soviétique ?

école

Bon, mettons que « soviétique » soit inadapté.
Mais j’imagine le slogan « Tout le pouvoir aux soviets » du fieffé menteur Lénine appliqué à l’enseignement : « Les écoles décident ».

Ce que je veux promouvoir, c’est « tout le pouvoir à la classe » : une vraie « communauté d’apprentissage ».

Certaines images d’écoles de l’ancien temps laissent penser que ce genre de chose a existé : un instit et ses ouailles faisant corps.

Un espagnol est même allé plus loin, en 1936-7 : « son » école ne le voyait que tôt le matin et tard le soir : le reste du temps, les élèves travaillaient à leur façon, coachés par lui ! C’est ce qu’il a raconté.

J’imagine le tombereau d’objections autour du même mantra : « ‘Tout le pouvoir à la classe’ ? mais ce serait du n’importe quoi ! ».
Ma réponse : « Peut-être moins n’importe quoi que ce qu’on constate présentement et qui se donne pourtant comme totalement irremplaçable… Et il y aurait, au moins, peut-on espérer, de la tendresse ! »

Je lis ceci aujourd’hui, et ça exemplifie le n’importe_quoi_en_place :
« ce ne sont pas les jeunes qui ont abandonné l’école, mais l’école qui les a abandonnés.
L’endroit, qui devrait être « un facteur de protection », a failli pour ces jeunes décrocheurs qui sont aujourd’hui à la rue, dit-elle.
En les « chicanant » parce qu’ils ne sont pas assez concentrés, alors qu’ils sont « trop envahis par leur situation personnelle » et qu’ils ont le ventre vide.
En imposant un cadre très strict auquel certains jeunes n’arrivent pas à se conformer.
En tardant à offrir certains services à des enfants ayant des défis d’apprentissage « parce que les parents n’avaient pas 2000 $ pour aller chercher un diagnostic en neuropsychologie ». Source

Dans le même journal : « La Société canadienne de pédiatrie vient d’émettre de nouvelles directives en faveur du « jeu risqué ». Elle encourage les enfants à grimper dans les arbres, à faire du vélo à grande vitesse, à se chamailler, à jouer à proximité du feu ou de l’eau ainsi qu’à explorer les aires de jeu, les quartiers ou les bois sans la supervision d’un adulte ou avec une supervision limitée. Elle estime que les avantages du « jeu risqué » surpassent les risques de blessures. »
Et pourquoi pas « l’école risquée ? »

Je demande à Michel de Montaigne de témoigner :
« Les difficultés, si j’en rencontre en lisant, je n’en ronge pas mes ongles ; je les laisse là, après leur avoir fait une charge ou deux. Si je m’y plantais, je m’y perdrais, et le temps : car j’ai un esprit primesautier. Ce que je ne vois de la première charge, je le vois moins en m’y obstinant. Je ne fais rien sans gaieté ; et la continuation, et la contention trop ferme éblouissent mon jugement, l’attristent et le lassent. Si ce livre me fâche, j’en prends un autre ; et ne m’y adonne qu’aux heures où l’ennui de rien faire commence à me saisir. Je ne prends guère aux nouveaux, pour ce que les anciens me semblent plus pleins et plus raides [fermes] ; ni aux grecs, parce que mon jugement ne sait pas faire ses besognes d’une puérile et apprentisse intelligence [ compréhension de débutant]. Pour apprendre trois vers, il me faut trois heures ; et puis, en un mien ouvrage, la liberté et autorité de remuer l’ordre, de changer un mot, variant sans cesse la matière, la rendent plus malaisée à concevoir. Or, plus je m’en défie, plus elle se trouble ; elle me sert mieux par rencontre [hasard], il faut que je la sollicite nonchalamment : car, si je la presse, elle s’étonne ; et, depuis [après] qu’elle a commencé à chanceler, plus je la sonde, plus elle s’empêtre et embarrasse ; elle me sert à son heure, non pas à la mienne. Ceci que je sens en la mémoire, je le sens en plusieurs autres parties. Je fuis le commandement, l’obligation et la contrainte. Ce que je fais aisément et naturellement, si je m’ordonne de le faire par une expresse et prescrite ordonnance, je ne le sais plus faire. (Etc.Etc.) »
Essais – divers extraits

Un animateur de clubs d’échecs explique, quant à lui, pourquoi mieux vaut ne pas trop enseigner les règles :
“There’s the classic method of learning,” he says. “Which is to say: the grandmasters played like this, so you learn the variations by heart and play like that.
With us, it’s the reverse: we play with the child first, look at their style, and the moves they want to make. Theory might say there’s a best move, but if they want to make a good move somewhere else, that’s enough because they will be playing their way.”
Fostering individual flexibility like this makes for hardier players than the academic approach. “If you’re losing and you’re tactically strong, you’ll have the energy to turn things around,” says Vilaisarn. “Conversely, with theoretical training, from a strong position at a given point you have to go it alone. You’ll have nothing to help you, no books or anything. And if you’re not used to boxing on the chessboard, you’ll lose.” Source

L’on aura compris que, si mon but n’est pas – pour le moment – de faire des propositions, j’aime néanmoins fournir quelques biscuits que j’ai en réserve, à qui veut bien réfléchir un peu.

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