5 juin 2024

Prenons deux enfants qui vivent en Cisjordanie. Ils ont tous les deux, disons douze ans, et ils ont été un peu méchants. Ils ont jeté des pierres sur une voiture, ils ont jeté des pierres sur une fenêtre, peu importe.

L’un d’entre eux, un enfant israélien qui vit dans une colonie, serait arrêté selon les règles de notre système de justice pour mineurs. L’enfant est arrêté, ses parents sont informés de la raison de son arrestation, il est conduit devant un tribunal pour enfants en présence de ses parents, un avocat est toujours présent lorsqu’il est interrogé, tout le système est conçu dans l’intérêt de l’enfant. Tout le système est conçu dans l’intérêt de l’enfant, pour l’aider à devenir une meilleure personne, à cesser de faire ce genre de choses. Il n’est pas conçu pour être punitif. Il est conçu comme devrait l’être un système de justice pour mineurs.

L’autre enfant est un enfant palestinien dont la famille vit dans le village voisin depuis dix, quinze ou vingt générations. Et il fait la même chose.

Que lui arrive-t-il ?

Il est identifié par les soldats qui patrouillent en Cisjordanie…

Il n’est pas arrêté tout de suite. Ils l’arrêtent à deux heures du matin, ce qui est, selon l’Unicef, la façon habituelle dont les soldats israéliens arrêtent les enfants, parce que c’est plus effrayant.

Il est emmené loin de chez lui. Ses parents ne sont pas informés de l’endroit où il est emmené. Il est emmené à l’intérieur d’Israël, hors de la Cisjordanie, toujours en violation du droit international, interrogé (*1), souvent en hébreu, et pour les enfants plus âgés, on leur fait signer une confession écrite en hébreu, que presque aucun des enfants ne parle, n’écrit ou ne lit suffisamment bien pour savoir ce qu’ils signent. Il n’y a pas d’avocat. Et ils sont traduits en justice dans le cadre d’un système de justice militaire. Israël est le seul pays au monde qui dispose d’un système de détention militaire pour les enfants à partir de douze ans.

Il s’agit donc de deux enfants de douze ans qui font la même chose sur le même territoire, avec le même gouvernement et deux systèmes totalement différents. Et la détermination est basée sur la religion, l’ethnie, la nationalité. Tous les critères des pactes de l’ONU contre le racisme.

Voilà à quoi ressemble Israël aujourd’hui.

^{Publié par Solidarité avec la Palestine
Phyllis Bennis, auteur juive-américaine}