école

« Toute leur vie était employée non par lois, statuts ou règles, mais selon leur bon vouloir et franc arbitre.
Se levaient du lit quand bon leur semblait, buvaient, mangeaient, travaillaient, dormaient quand le désir leur venait ; nul ne les éveillait, nul ne les perforçait ni à boire ni à manger, ni à faire chose autre quelconque.
Ainsi l’avait établi Gargantua.
En leur règle n’était qu’une chose : FAIS CE QUE VOUDRAS, parce gens libères, bien nés, bien instruits, conversant en compagnies honnêtes, ont par nature un instinct et aiguillon qui toujours les pousse à faits vertueux et les retire de vices, lesquels ils nommaient honneur. (…)
Tant noblement étaient appris qu’il n’était entre eux celui ni celle qui ne sût lire, écrire, chanter, jouer d’instruments harmonieux, parler cinq ou six langages, et en iceux composer tant en vers qu’en prose. »
Ainsi écrivait F. Rabelais, en 1534.

Zinzin a évoqué Bloom, l’un des ancêtres de nos technomaîtres actuels, et toujours bien vivant.
Je me suis renseignée.
Ce Benjamin Boom, en 1956, en sage technicien, voulait aider à mieux organiser les apprentissages. Il proposa le principe d’une progression depuis ce qui est facile à connaître, accessible aux sens et aisé à communiquer vers des constructions mentales plus élaborées.

Au fond, ce qui était important pour lui c’était qu’un prof trouve comment opérer face au matériau inéduqué que sont ses élèves.
Problème de prof, donc, au départ.
Après tout, si ça les aide…

Mais quand sa manière de concevoir l’enseignement des matières scolaires, même mise au goût du jour, devient une méthode officiellement obligatoire, moi, ça me pose problème.
D’autant plus que cette technique pédagogique vient confluer avec la technique numérique qui envahit la machinerie scolaire comme elle envahit la machinerie médicale et tant d’autres.
Au service de qui ? c’est ma question.

Ainsi dresse-t-on les profs à enseigner – le Gargantua de Rabelais comme tout le reste – munis de pincettes qui eussent fait se hérisser les cheveux de son auteur… pourtant, lui aussi, à son époque, enthousiaste partisan d’un enseignement modernisé ! Hum-hum !