Gloussaire

Collection de gloussements, à base de mots.
– C’est parti « comme ça », un beau jour : je me fais une réflexion, comme nous pouvons tous nous en faire régulièrement (surtout de jour, mais pas que….) ; je note la réflexion en me disant « Oui, et alors ? ». Au départ, ça n’a donc pas été un mot, mais une « pensée ». [Le mot « pensée » renvoie trop à Pascal et, au-delà de ce géant, à tous ceux qu’on estime « penseurs » et qu’on nous oblige à l’école, non seulement à admirer, mais à révérer. Pour avoir une bonne note, faut en effet entrer dans le moule sans rechigner, et quoi de mieux que d’avoir une bonne note, puisque tous s’appuient là-dessus : moi-même, les copains avec qui je joue aux billes – ou à autre chose de moins avouable -, l’instit’, la direction, les parents et – plus tard, je ne le savais pas encore, mais ça ne tarderait pas – Pôle Emploi et son monde ? Le fameux « la culture c’est ce qu’il reste quand on a tout oublié », c’est justement ça : le Respect pour ce qui nous a été présenté comme éminent. Tout l’échafaudage, tu peux te le mettre où je pense, c’est à ce stade-là inutile (à moins que tu veuilles gagner des sous à te faire valoir à un jeu télévisé « où ça gagne ! » qui passionnera les foules en lieu et place des combats contre des lions). Fin de la digression qui n’en est pas une, puisqu’elle constitue quasiment le lancinant refrain de ce Gloussaire…] Une réflexion, deux réflexions, et c’était parti… Non pas que je veuille « transmettre » quoi que ce soit ( À qui ? la jeunesse ? Bah ! Aux chercheurs d’incertitude, oui, ça peut-être ?), mais tout de même, je me dis que ce qui s’est plus ou moins silicifié dans ma caboche durant tous ces ans mérite que je m’y attarde un peu, moi-même. Pas que dans la caboche, d’ailleurs : dans les tripes aussi. Mais cette rétrovision, comment la faire sans me quitter moi-même ? Autrement dit, sans quitter le moment où je me trouve exister au moment où j’écris ? Bref, pas sous forme de statue statufiée à mes propres yeux, autrement dit sans oublier que je suis en train de faire le point, tranquillement. Et là apparaît nettement que ce point, qui pourrait me révéler à moi-même qui je suis, apparaît multiple. Car le sérieux n’occupe pas tout mon souvenir. Le mental non plus. Et le reste non plus. Fort heureusement les mots, dont – que nous le voulions ou non – nous sommes les marionnettes, ont la capacité de déboîter toute démarche qui se voudrait unifiée (ça, « unifié » ! Brrrr… !) : ils nous entraînent, et parfois bien plus loin que nous n’accepterions d’aller s’ils n’étaient pas là. Jusqu’au ridicule, par exemple. C’est ainsi que ce que j’écris n’est pas qu’intelligent, pas qu’original, pas que propre, pas que vrai, pas que sensé, pas qu’admirable, et pas assez provocateur sans doute ; je ne cherche pas qu’à convaincre. Bref, voilà le jeu tel qu’il s’est présenté. Et que j’ai accepté. J’ai donc laissé aller. Mais, pour être à la hauteur de la tâche entrevue, j’ai encore bien du chemin derrière moi…
– Gloussairvez-vous !

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Et
Assange
?