goguette ~ godin

Va falloir mettre les adjas, les mecs.
C’est Dédé.
Va falloir mettre les adjas.
Les gosses doivent être rentrées à six plombes.
Et nozigues, à sept on doit être chez Paulo.
D’accord, opina Roger.
Mais elles veulent peut-être encore quelque chose ?
Je sais pas, moi : une petite bricole ?
Un draig bennak.

L’index de Dédé indiqua une table surchargée de gâteaux, chocolats,
gwastilli, chokolad,
dragées et tout le saint-frusquin gourmand.
Qu’est-ce qu’elles veulent de plus ?
Petra o deus c’hoant ouzhpenn?
Faut pas attiger.
Re zo re.
Elles vont se retrouver malades.
Klañv e vint.
Pas, mes bichettes ?
Les bichettes, qui avaient le nez dans les glaces à la vanille, sourirent
mousc’hoarzhont
et firent non de la tronche.

Ah ! pour elles, quelle journée !
Quelle journée !
Pebezh devezh!
Et quels souvenirs !
Da greisteiz o doa debret merenn
Le midi, elles avaient déjeuné
dans un restau du bord de Seine
en ur restaou eus bord ar Saena.
Ha goude-se o doa c’hoariet,
Ensuite, elles avaient joué
avec leurs oncles malfrats
o doa c’hoariet gant o eontred malfret :
paledoù,
aux palets, à la balançoire, à cache-cache,
balanzoù, kuzh-kuzh,
krapat war gein Plume
grimper sur le dos de Plume, qui supportait tout d’elles,
redet e koad Sant-Jermen,
couru dans les bois de Saint-Germain,
dansé la farandole avec tonton Roger,
lequel, à présent,
ayant, de ce fait, mal aux pinceaux,
avait ôté sa godasse droite
et l’avait fourrée dans sa poche de veston,
en e chakod chupenn,
ce qui la foutait plutôt mal dans l’auguste lieu bourgeois…
Elles n’avaient qu’à exprimer un désir,
N’o doa nemet diskouez ur c’hoant, ar bichedoù,
les bichettes,
et il se trouvait réalisé !
hop ! graet e oa bet kerkent !
Elles pouvaient même lâcher un gros mot,
rigoler aux éclats,
pas les tontons qui s’offusquaient, eux !
Pas comme papa et maman.
Tamm ebet evel tadig ha mammig.

Dédé lorgna une pendule murale Louis XV, et répéta.
« On se barre.
Mont a reomp bremañ.
Faut pas que vous soyez à la bourre à votre casino, mes biches !
Les frangines renauderaient. »

Sous la mine réprobatrice et dégoûtée des douairières qui grignotaient leurs douceurs,
petit doigt levé,
biz bihan savet ganto,
il cigla la note, et marcha vers la sortie.
Roger tenant les gosses par la main suivait, avec Plume sur les talons.
Lui aussi avait bien vécu, Plume…
Eñ ivez en doa bevet mat, al laer laouen!
le joyeux cambrioleur !

A la jaffe du midi, il avait fonctionné au champ’, son point faible,
Bollinger millésimé !
Mar plij !
Même les gosses en avaient siroté un chouia, de la boisson des Seigneurs !
Pas lerche bien sûr,
N’o doa ket bet kalz evel-just,
car Dédé, tout de même, veillait au grain.
Et tout en entraînant ses nièces, la Gazelle avançant sur son panard déchaussé,
chantonnait d’une voix à se faire arroser dans les cours :
« Si je meurs, je veux qu’on m’enterre …dans une cave où ç’qu’y a du bon vin.
Dans une cave, oui-oui-oui, dans une cave, non-non-non… »

Se tordant de rire,
o c’hoarzhin o c’hoarzhin
les héritières de Jo-la-Feuille sautillaient de bonheur,
oubliant les bons principes de l’institution sévère.
Ah ! ce tonton Roger !
Et oncle Dédé, donc !
Pas emmouscaillant, la vie, avec leurzigues.
Que du rire, et du soleil !
Nag a c’hoarzhin, hag a heol!

En les voyant apparaître, Félix alla ouvrir la portière de l’Hispano, casquette à la griffe,
pour saluer comme l’exigeaient ses patrons.
Remets ta gaufre, conseilla Roger. Tu vas choper froid au crâne.
D’az glopenn ‘vo yen.
Tous grimpèrent après Plume hissé de force,
et Félix prit la direction de l’institution.(…)
– Félix, vous stopperez devant un magasin de jouets.
Chom a reot dirak ur stal c’hoarielloù.
Le premier que vous repérerez.
Ya aotrou.
Bien monsieur, acquiesça le driveur de grande maison.
– Qu’est-ce que tu veux encore leur attriquer ? soupira Dédé.
Elles n’ont droit à rien.
N’o deus gwir da netra.
– On va bien leur trouver un truc ou deux qu’elles pourront quéplan sous leurs roupanes, non ?
– C’est quoi « quéplan », tonton Roger ?
Petra eo « quéplan » ?
C’est quoi, tonton Roger ?
C’est quoi ? C’est quoi ?
Petra eo ?
C’était Louisa, l’œil tout luisant de curiosité.

D’après Auguste Le Breton – Les Maq’s – Ed. Plon – 1967

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