Immigration..

D’abord, deux points de vue, exprimés en vis-à-vis par Le Drenche
(CONTRE les idées reçues. POUR une opinion éclairée)

Frédéric Cherbonnier, chaud partisan de l’immigration :

« Plusieurs fantasmes viennent brouiller le débat sur l’immigration.
Le premier est d’ordre identitaire. Non, nous ne sommes pas en train d’être «grand remplacé» par des migrants en provenance du continent africain refusant notre civilisation ! Certes, un quart de la population française est immigré ou issu d’au moins un parent immigré mais on observe les mêmes ordres de grandeur dans des pays comme l’Allemagne ou les États-Unis. (…)

La France serait un pays permissif en matière d’immigration. C’est tout le contraire !

Le second préjugé va de pair avec le premier: la France serait un pays permissif en matière d’immigration, qui attirerait en masse des étrangers désireux de profiter de notre protection sociale. C’est tout le contraire! En matière d’acceptation de demande d’asile par des réfugiés, la France se situe au 17ième rang européen. En ce qui concerne le regroupement familial d’enfants et de conjoints d’un ressortissant étranger installé en France, les flux ne représenteraient qu’environ 35 000 personnes par an, soit un taux dérisoire de 0.05% de la population.
L’essentiel des flux migratoires (mesurés par la délivrance de titres de séjour) correspond aux étudiants et, dans une moindre mesure, à la migration économique ainsi qu’au regroupement familial d’enfants et de conjoints de français. Et ces flux restent modérés dans notre pays (deux fois moins que la moyenne de l’UE ou de l’OCDE), (…)
Enfin, les migrants ne viennent pas pour notre «État providence»: à cet égard, la France n’est pas attractive, ceux-ci préférant souvent aller voir ailleurs, dans d’autres pays européens où la protection sociale est moindre. (…)

En France, faute d’un débat serein, l’immigration économique reste diabolisée et insuffisante

Sur le plan économique enfin, tous les travaux convergent pour dire que les migrants viennent surtout en complément de la population locale et soutiennent la croissance. (…)
L’immigration est surtout une opportunité, apportant une main d’œuvre peu qualifiée pourvoyeuse notamment de services à la personne, mais aussi des travailleurs qualifiés force d’innovation. Dans la plupart des pays, les immigrés sont surreprésentés dans la population d’entrepreneurs et de chercheurs (ça sent pas un peu la fuite des cerveaux, ça ?). Hélas, moins en France où, faute d’un débat serein, l’immigration économique reste diabolisée et insuffisante. »

Tel n’est pas l’avis du Directeur de l’Institut Thomas More (think tank libéral-conservateur) :

« Plutôt que « faut-il », qui laisse entendre qu’il y aurait un impératif à le faire (mais de quel ordre : moral ? politique ? économique ?), la bonne question est « peut-on » accueillir plus d’étrangers en France ?
La réponse est non. Explications.

Tout d’abord, les flux (légaux et illégaux) sont déjà considérables. Connaissant une puissante vague migratoire depuis le début des années 2000, la France a délivré en moyenne 255 000 titres de séjour légaux par an entre 2017 et 2021. Cela représente, le temps du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, 1,28 million de personnes nouvelles, ce qui représente 1,9% de la population française totale. Quant à l’immigration illégale, elle est évalué entre 600 000 et 900 000 étrangers en situation irrégulière. Ces chiffres considérables ont des conséquences profondes pour notre pays.

Les capacités d’accueil sont tous sous tension et au bord de la rupture

Le premier ordre de conséquences s’observe sur les capacités d’accueil qui sont tous sous tension et au bord de la rupture : le logement (53% des adultes sans domicile sont de nationalités étrangères selon l’INSEE), l’hébergement d’urgence des demandeurs d’asile (structurellement incapable d’accueillir un nombre annuel de demandeurs), la pauvreté (le taux de pauvreté des immigrés est de 30,7% contre 13,2% pour la population non-immigrée selon l’INSEE) et l’emploi (le taux de chômage des étrangers, de 15,7%, est deux fois plus élevé que celui des Français, à 7,4%).

Mais d’autres conséquences sont encore plus essentielles que ces instantanés économiques et sociaux. Ce sont celles liées à l’intégration. On ne peut en effet penser l’immigration sans penser l’intégration, comme le font beaucoup de spécialistes. On ne peut souhaiter maintenir un niveau élevé d’entrées sur le territoire sans évaluer la capacité d’intégration, à la fois de la société d’accueil et du candidat à l’installation, comme l’analyse finement l’économiste britannique Paul Collier dans son livre Exodus. Or, force est de constater que l’intégration fonctionne mal, et de plus en plus mal.

On voit apparaitre une ou plutôt des contre-sociétés qui partagent de moins en moins de choses avec la société française

Le fait qu’une majorité des jeunes immigrés ou issus de l’immigration s’intègre, ne signifie pas que l’intégration fonctionne bien. On voit apparaître une ou plutôt des contre-sociétés qui partagent de moins en moins de choses avec la société française. Une partie de la jeunesse issue de l’immigration, minoritaire mais pas négligeable pour autant, manifeste de manière de plus en plus radicale son désir de séparation d’avec le reste de la société. (…)

Opinions ? Informations ? Faut démêler !

L’on dit que l’économiste britannique Paul Collier a écrit un livre de référence sur le sujet :
Exodus: How Migration is Changing Our World . Oxford University Press . 2013

Robert Putnam, Malkin Professor of Public Policy, Harvard University en a fait ce vigoureux éloge :
« Magistral. Paul Collier offre un bilan complet, incisif et bien écrit des avantages et des inconvénients de l’immigration pour les sociétés d’accueil, les sociétés d’origine et les migrants eux-mêmes. Pour tous ceux qui sont concernés par cette question controversée, Exodus est un ouvrage à lire absolument. »

A l’opposé, les économistes américains Michael Clemens et Justin Sandefur, spécialistes des migrations, n’y sont pas allés de mainmorte dans Foreign Affairs :
« Collier déplore que le débat sur l’immigration ait été marqué par « beaucoup d’émotion et peu de connaissances ». C’est vrai, mais Exodus illustre bien le problème. Ce livre aurait pu s’engager sérieusement dans la vaste littérature sur l’immigration et aider les personnes qui n’ont pas la formation et la position de Collier à réfléchir aux complexités de la question. Au lieu de cela, Collier a écrit un texte gravement marqué d’incohérences, d’erreurs et de sauts trop rapides vers des conclusions sans fondement. »

Hum !

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