Les deux universités

école

« D’une part l’Université fut conçue et construite sous l’idée d’un libre développement de l’ensemble du savoir (savoir littéraire et historique, savoir juridique, politique et économique, savoir «scientifique» au sens propre, c’est-à-dire au sens des mathématiques et des sciences modernes de la nature, enfin savoir philosophique et sciences humaines) ;
d’autre part l’Université fut organisée et dirigée comme le lieu où se préparent et se valident les «capacités» d’une élite, son aptitude à remplir un certain nombre de fonctions ou de métiers : les fonctions dirigeantes et les métiers libéraux, à l’exclusion de tous les autres.

L’un et l’autre principe ont eu, bien entendu, des communications historiques entre eux, et c’est d’un même mouvement que, du XIème au XVIIIème et XIXème siècles, la bourgeoisie a élevé les arts et les sciences au niveau et à la forme de la rationalité moderne et qu’elle s’est, d’autre part, réservé les métiers nouveaux où elle enfermait la part proprement architectonique (« rationnelle et libre ») à laquelle ces métiers devaient, et doivent toujours, de s’élever au-dessus des simples pratiques d’exécution et de maniement.
En soi et pour soi, cependant, le libre développement des savoirs et la préparation à l’exercice des métiers libéraux sont deux principes tout à fait différents, dont la confusion se fait entièrement au détriment du premier. »

Gérard Granel

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