Premier

école

« Hélas révisait sa géographie à haute voix, nous rebattant les oreilles de sa science des départements. Hélas était le modèle de l’enfant sage, appliqué, affectueux : plus tard une moustache tenterait de masquer sa gueule d’hypocrite – en vain, une cagoule n’y aurait pas suffi.
Hélas voulait toujours être le premier : premier couché, premier levé, premier à terminer les plats, premier en classe, premier à dénoncer les autres, premier à s’enfuir en cas de bagarre…
Je l’aimais pour sa lâcheté qui était plus grande que la mienne et me donnait une stature de héros.
Hélas avait aussi un goût fanatique de l’ordre et un respect absolu de la discipline.
Devenu adulte, il apprendrait par cœur les statuts du Parti, le règlement intérieur de l’usine de cartonnage qui l’emploierait comme chef-magasinier, la charte de copropriété de son immeuble, le petit Larousse en commençant par le lettre A. »

« Je ne connais pas d’unité de temps plus longue que l’année scolaire, et l’école me pesait chaque jour davantage, même les jours où je n’y allais pas. »

« César me convoqua dans son bureau pour me signifier mon renvoi définitif. L’école, c’était fini pour moi. Désormais, je pouvais vieillir. »

« Peu de temps après mon renvoi, (Pater) avait lui aussi rompu avec la scolarité, ne supportant plus d’avoir à se lever de bonne heure. »

Gérard Mordillat – Vive la sociale !

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