école
Marcellin Berthelot – SCIENCE ET MORALE – Août 1896 – Téléchargeable ici
« Nous autres savants, nous sommes les vrais amis du peuple, parce que nous sommes, par conviction et par éducation, les esclaves de la loi scientifique, qui est en train de changer le monde.
Elle métamorphose l’humanité, à la fois en améliorant la condition matérielle des individus, si humbles et si misérables qu’ils soient ; en développant leur intelligence ; en détruisant à mesure les organismes économiques transitoires qui les oppriment, et auxquels on avait prétendu les enchaîner ; enfin et surtout, en imprimant dans toutes les consciences la conviction morale de la solidarité universelle, fondée sur le sentiment de nos véritables intérêts et sur le devoir impératif de la justice.
La science domine tout : elle rend seule des services définitifs.
Nul homme, nulle institution désormais n’aura une autorité durable, s’il ne se conforme à ses enseignements.
(…) Nous assistons en ce moment à un retour offensif du mysticisme contre la science : il prétend reconquérir sur elle, par des arguments oratoires, la domination du monde qu’il a perdue, après l’avoir si longtemps maintenue par le fer et le feu. »
Cet tout début du livre de Berthelot, qui fut ministre de l’instruction publique durant quelques mois, constitue une mine pour qui veut comprendre dans quel contexte l’école laïque, obligatoire et gratuite prit son essor en France.