Vocation ?

école

« Les jeunes Chinois ne choisissent pas un cursus d’études, ils ne rêvent pas d’une discipline, d’une activité, d’une profession, non : ils rêvent d’une université.
Pris dans un système de compétition intégrale, ils tentent d’entrer dans un établissement supérieur aussi renommé que possible : lorsque c’est fait, c’est l’université qui leur indique la discipline qu’ils auront le devoir ou le droit d’étudier.
C’est un procédé totalement hostile à la résonance** : ici, le jeune homme ou la jeune femme ne choisit pas la matière qui lui convient, on lui en attribue une, au contraire, en fonction de paramètres de performance abstraits.
C’est un modèle qui en est venu à inspirer les fantasmes d’excellence des planificateurs européens de l’éducation.
Rien d’étonnant à ce que les étudiants demandent avec crainte combien d’incertitudes ils vont encore devoir supporter. Et ce que l’on peut faire pour désaccélérer sa vie. »

Hartmut Rosa – Remède à l’accélération

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Au fond, Parcousup, n’est-ce pas un peu de la même veine ?
Déclarations de Mme Delga : « Un « algorithme qui casse des vocations et favorise le déterminisme social ». 
A quoi le ministre répond : « Il faut se souvenir de ce qui existait auparavant avec une course éperdue vers les portes des universités, quand ce n’était pas des tirages au sort pour certaines filières. »

Perso, je pense – expérience à l’appui – que l’accès aux études supérieures est une affaire trop sérieuse pour être traitée de l’une ou l’autre de ces deux manières.
J’exposerai peut-être, un jour, mon point de vue à ce sujet.
Il commence par « Pas de jeunes en livraison directe du lycée. »
Du moins du lycée tel qu’il est.

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** Résonance : « Nous sommes non aliénés là et où et lorsque nous entrons en résonance avec le monde. Là où les choses, les lieux, les gens que nous rencontrons nous touchent, nous saisissent ou nous émeuvent, là où nous avons la capacité de leur répondre avec toute notre existence. »

Hartmut Rosa

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J’ai tendance à rapprocher Rosa et Illich quand celui-ci écrit à propos de ce que pourrait/devrait être l’école : « Une place à l’intérieur de la société où chacun s’éveille par surprise, un lieu de rencontre où les autres nous surprennent par leur propre liberté, laquelle nous rend conscients de la nôtre. »

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Oncle H, lui, envisage « une école où l’on apprend à faire se multiplier nos richesses, en nous fécondant mutuellement, en sautant le mur de l’existence individuelle, en instaurant le droit à l’erreur, à la libre pensée, à la fantaisie et à la connerie, et au libre choix. »
Guère plus européen que chinois, ça !!!

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