Autre affrontement, celui des évolutionnistes-sans-programme alias ‘rien-que-Darwin’ (au risque de leur déplaire souverainement, il est plus juste de les désigner par presque-tout-Darwin) d’une part, et des évolutionnistes-avec-programme alias ‘Darwin-et-la-suite’ d‘autre part. La suffisance des premiers, se revendiquant seuls authentiques héritiers de Darwin, serait attendrissante si elle ne frisait pas l’intégrisme. Quant aux seconds, se permettant de critiquer le demi-dieu Darwin, ils ont bien du mal à se défendre de le réfuter. Je me méfie de la suffisance. Non : je l’ai en aversion !
Quand Alfred Korzybski reconnaît qu’Aristote, Euclide et Newton ont beaucoup apporté pour leur époque, il reste néanmoins plus sévère à leur égard que ne l’est Staune à l’égard de Darwin lui-même :
‘Platon a objectifié les ‘idées’ comme si elles étaient quelque chose de ‘concret’. Autrement dit, il a identifié des niveaux verbaux avec des niveaux non-verbaux. C’est ce que font les primitifs et les bébés, et malheureusement la majorité d’entre nous perpétue encore cette habitude. Le mal que Platon a causé aux générations successives a été considérable, parce qu’il a peuplé notre monde de mauvais génies contre lesquels nous luttons encore. Mais, contrairement à Aristote, Platon n’a pas construit un système pratique susceptible d’être encore infligé à chaque génération, les entraînant à la magie primitive des mots.’