‘à 14 ans, découvrir le monde et découvrir le sexe, c’est tout un’. Affirmation de F., ex-institutrice, aujourd’hui psychanalyste. Ses expériences en collèges, dont elle est venue faire part à des parents, en banlieue de grande ville, m’ont convaincu.
ça m’interrogeait déjà que le sexe contemporain soit exclu de l’école – comme le sera bientôt à peu près tout ce qui frappe à ses portes ?. Non que le sexe émerge soudain dans l’humanité ! mais ‘est’-il encore ce qu’il était il y a cinquante ans ? Or l’éducation sexuelle – au programme ! – ne date-t-elle pas de plus de cinquante ans ?
Le propos de F. m’éclaire. Mais qui sera assez courageux pour s’intéresser à l’école du sexe ?
Le vicaire qui assurait mon éducation religieuse aimait beaucoup que je vienne lui rendre visite. Je portais, en été, des culottes courtes.
à l’échelle interindividuelle, le pouvoir emprunte souvent les voies du sexe, non ?
Plus tard, j’eus l’occasion de passer plusieurs jours avec une demi-douzaine de prêtres pour qui j’étais l’animateur d’un T-group. Dans ce genre de circonstances – stage résidentiel, petit groupe, conversations libres – quoi d’étonnant à ce que les questions sexuelles soient souvent présentes. Et elles ne furent pas que présentes : elles furent archi-présentes ! Comment des humains, privés de vie sexuelle ordinaire, ayant de surcroît à entendre régulièrement en confession des aveux que de jolies personnes venaient leur chuchoter à l’oreille, eussent-ils pu vivre sereinement une telle situation ? J’ai le souvenir ému d’un vieux – il avait, à l’époque, l’âge que j’ai maintenant… – qui, désespéré, avouait que le sexe défendu lui avait occupé l’esprit en quasi-permanence.
A lire la presse, j’ai l’impression qu’aujourd’hui le joint de la cocotte laisse passer un peu de vapeur !
Il n’en reste pas moins qu’une bonne partie de ce pays sort tout juste d’un état dont les hommes-clefs-de-voûte ont vécu dans la frustration, des siècles durant.
Quand mon instituteur, le dimanche, jouait de l’harmonium pour la paroisse dont mon grand-père était membre du conseil de fabrique, et dont les prêtres confessaient toute ma famille, je vivais dans un monde unifié. J’appartenais à la partie largement majoritaire de la commune, celle des cultivateurs qui ne votaient pas communiste. Il m’a fallu, depuis lors, apprendre à faire coexister mes diverses appartenances. ça m’est devenu aussi naturel que me l’était ma mono-appartenance initiale.
Désobéir constituait un péché. Pas obligatoirement du haut de l’échelle de gravité, mais un péché tout de même.
Avoir des pensées ou des actes ’impurs’ – traduire : d’ordre sexuel – pouvaient, je crois bien, conduire en enfer.
Lors de orages, dont je m’effrayais systématiquement, mon examen de conscience était fait en un …éclair. Et s’il y avait une ombre au tableau, panique : au cas où la foudre m’eût choisi, je risquais d’avoir à quitter cette belle existence muni d’un billet sans retour pour l’enfer !!!