Lire, aujourd’hui, c’est souvent : Je survole, je clique, je survole encore, je clique, …et puis j’y reviens jamais !
Les textes trop vite parcourus ne sont-ils pas des agents de mon auto-conditionnement ?
Lus autrement, pourraient-ils être l’inverse ?
Lire tranquillement un texte un peu long ce serait prendre le temps d’entrer dans son univers propre. Peut-être une chance de prendre du recul par rapport à celui où je campe à l’instant où j’en commence la lecture.
Lire, demain, ça pourrait-il être encore différent de cliquer-survoler-cliquer-oublier ?
« L’avenir n’était que promesse et espérance… Notre génération connaissait une liberté nouvelle. Nous échappions à la contrainte de nos foyers conservateurs pour trouver une libération et un aiguillon à l’université. (…) Des ouvrages en notre langue et des livres du monde entier se trouvaient dans nos bibliothèques. (…) Nous découvrions l’excitation des connaissances nouvelles. Passionnément, nous discutions philosophie, sciences politiques, religion. Tout était nouveau, palpitant. Rien ne semblait difficile. Nous apprenions à façonner un monde nouveau, libéré des anciennes querelles, des vieux préjugés, et ce tour de force nous semblait facile à accomplir, tant nous étions jeunes et confiants. » Han Suyin – Destination Tchoungkin – 1942
Sans doute les premiers étudiants parisiens du Moyen-âge ressentaient-ils le même sentiment de confiante liberté.