Parmi les diverses entorses provoquées par Macron au fonctionnement des institutions de son pays, il y a ces « Conseils » tout neufs : l’un « scientifique », l’autre « de défense ».
« Défense » figure, bien sûr, en bonne place dans le catalogue des mots-magiques susceptibles d’entraîner l’accord des administrés.
Il vise un but pour l’action.
L’on contestera son caractère de quasi-gouvernement occulte, mais le noble but évoqué n’est pas critiquable en lui-même.
« Scientifique » mérite qu’on s’y arrête davantage.
Dans l’usage qu’en fait Macron, ce mot ne vise pas d’abord un but, mais a pour fonction de justifier l’action, a priori.
Ailleurs, ou à d’autres époques, on eût dit « Religieux ».
Sous-entendu : Je me soumets à des principes supérieurs, ou intouchables, et qui reçoivent spontanément l’assentiment.
Mais une question se pose, tout de même : en quoi la science peut-elle se targuer de fonctionner selon des principes qui seraient, à notre époque, supérieurs ou intouchables ?
Il existe des scientifiques véreux, la science suit son concours selon des directions souvent discutables et, surtout, les principales avancées de la science ne nourrissent-elles pas, à haute dose, les myriades d’industries de mort ou d’asservissement ?
Et pourtant les contestations de ce conseil scientifique – très partielles, ce me semble – ne portent nullement sur le principe-même du recours à ce vocable « La Science » (agrémenté de son bien triste acolyte « Le Progrès », dans le discours du 12 juillet 21 !).
Il est vrai que le pouvoir ne dispose d’aucune autre autorité morale ou culturelle à laquelle se référer, et au nom de laquelle rechercher l’assentiment des administrés.
En Chine, ce vide n’existe pas, me semble-t-il.