Le capital fait sa loi

Katharina Pistor nous éclaire très concrètement sur ce qu’exprimait Marx, pour qui le capital est un rapport social de domination.
En français : Le livre // Une vidéo
Elle met au jour le rôle des « maîtres privés du code » – ces avocats et banquiers qui élaborent de fait le code public en inventant des contrats et des instruments qu’ils font ensuite valider par la loi.
Ce livre est une sorte de verso des écrits de Thomas Piketty, lequel s’intéresse plus au capital-pognon qu’au capital-lois.

Il est bon de rappeler, comme elle le fait, l’existence de tribunaux d’arbitrage privés, traitant des litiges entre une entreprise et un État.
Le tout premier exemple qui me scandalisa : une firme internationale ayant des activités en Égypte contesta devant un tel tribunal le droit de l’État égyptien à augmenter le montant du salaire minimum, au motif que cela nuisait à ses intérêts.
Oui, c’est ça le capital : la domination.
La marchandise est la substance grâce à laquelle ça fonctionne.
Et le pognon, à la fois, le marteau-pilon pour agir, et la jouissance d’avoir.

Les capitalistes et le néo-libéralisme, ennemis de l’État ? Faribole !

Dans Revolusi, David Van Reybrouck décrit comment les Néerlandais, dès 1602, réalisèrent une fusion des pouvoirs privés et publics dans la « Compagnie unie des Indes orientales » (et inventèrent, d’ailleurs, la société par actions, ce qui fut, comme l’explique K. Pistor de son côté, une déterminante innovation pour l’essor du capitalisme).

Voir, a contrario, l’expérience néo-zélandaise d’il y a plus d’un siècle qu’a décrite André Siegfried dans « La démocratie en Nouvelle-Zélande« .
Pour dire vite : si, dans les « démocraties » ordinaires, on ne s’étonne pas que les tribunaux tranchent en faveur des puissants, eh bien, dans ce pays, à cette époque-là, ce fut l’inverse !

Voir aussi : Au Mozambique, aujourd’hui, l’État Total. « TotalÉnergies se substitue à l’État dans l’appui humanitaire (assistance alimentaire, construction de points d’eau et transport des populations vers les lieux d’origine), dans la reconstitution du tissu économique, […] la réhabilitation de routes, la reconstruction d’écoles et d’infrastructures sanitaires et même dans le secteur de la justice et de la sécurité ».
Pour rien ?

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J’aime me poser des questions, et j’ai des convictions : les deux marchent de pair !

Mes billets, au jour le jour, s’ajoutent à pas mal de mes écrits anciens…

Aujourd’hui, je suis aussi l’éditeur de desinfo.

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