« Petit peuple endormi auprès des peuples qui marchent, petit peuple blotti fermant les yeux dans les chaumes, petit peuple qui rêve, d’avoir fumé trop d’opium.
Trop heureux, trop content, trop nourri, trop bien exposé au soleil, trop bien préservé de la nuit par toutes ses statues et sur lequel, soudain, s’élève un vent contraire.
Petit peuple inhabile à être malheureux et qui dort les poings fermés, tout petit dans des cuirasses soudainement trop grandes pour lui.
Petit peuple qui fut un jour le roi du monde, mais dont la terre trop riche a gâché les combats et qui, pour s’endormir, avant la nuit obscure, se raconte l’histoire. »
Pierre Fisson – Les certitudes équivoques, Roman – Julliard – 1950