bistrot ~ ostaleri

Un soir, vers onze heures,
Un nozvezh bennak, tro unek eur,

Mourad et Cheryl poussaient la porte du bar de La Rade,
e tigoras Mourad ha Cheryl dor ostaleri La Rade

en compagnie de trois Noirs nus. Ou presque.
e kompagnunezh tri faotr du en noazh-pilh. Pe dost.

La clientèle, pourtant habituée au pire, s’offrit quelques secondes d’effarement total,
Ar pratikoù, hag int diaes da spontañ koulskoude, a chomas alvaonet-naet e-pad ur prantadig,

le temps de reluquer les peintures de guerre sur les visages et les corps dont le bas était habillé juste ce qu’il faut pour cacher leur machin.
amzer dezho tarluchañ ouzh ar pennoù livet ‘giz ‘vit mont d’ar brezel hag ar c »horfoù berrwisket just pezh ‘oa ezhomm ‘vit kuzhat o feadra.

– C’est quoi comme marque ? demanda la patronne.
– Peseurt mark eo ar re-mañ ? a c’houlennas an ostizez.

– Des Australiens, répondit Roger, sans hésiter.
– Aostralianed, eme Roje diouzhtu hep chom da dortal.

Il s’écoula encore deux ou trois minutes, avant que Mourad ne prononce le mot magique que la tenancière attendait :
Div pe deir munitenn a voe ezhomm c’hoazh a-raok na zistagje Mourad ar ger hud a oa mestrez an ti o c’hortoz :

– Des Aborigènes.
– Aborijened.

– Ah, mais oui, bien sûr. Des Australiens, ça me disait rien.
– Ohuuu, ya ‘vat ! « Aostralianed » ne lâre tra ebet din.

Mais des Aborigènes, c’est autre chose. Je m’disais, aussi…
Met « Arborjened », n’eo ket memestra. Me ‘vouie mat, ivez…

Pour sûr, qu’on a déjà vu ça par ici. Dame, y’a pas de quoi s’inquiéter.
Deus ar ouenne-se zo bet amañ c’hoazh. N’eus ket da ‘n em chalañ.

d’après Gérard Alle – Babel Ouest. Le Poulpe [Bellement adapté par Stefan Moal]

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