Je ne suis pas ce qu’on peut appeler un grand lecteur. N’empêche que ce qu’il advient des livres m’intéresse.
T. est un artiste tout aussi préoccupé de cette question. A l’entendre, ce sont cent millions de livres, au nombre desquels une bonne proportion dont la vie aura été archi-éphémère, qui sont passés au ‘pilon’ dans ce pays chaque année.
– Mais, puisque ça ne se déroule pas sur les places publiques, ce qui demeure dans le sous-conscient de tout un chacun, c’est que détruire ne serait-ce qu’un seul livre est criminel.
– Et toi, tu remues la plaie autour du couteau ?
– J’ai effectivement réalisé et exposé dans une médiathèque une sorte de totem où sont comme empalés une trentaine de livres, y compris des livres anciens reliés cuir.
– Les réactions ?
– Diverses. Contrastées. J’envisage de mettre bientôt le feu à un immense bûcher de livres. Le pourcentage de CO2 dans l’atmosphère s’accroîtra peut-être un peu ce jour-là.
Titre original : Cent millions de livres pour le tiers-monde au pilon