Ce texte était écrit avant le report au 14 décembre de l’examen de la loi par l’Assemblée Nationale
Un débat va avoir lieu à l’Assemblée Nationale avant le vote de LOPPSI 2, sur la « performance » de la « sécurité ».
Or cette loi est inquiétante.
Qu’est-ce qu’on fait ?
Nous « mobiliser » de manière classique pour marquer nos craintes ou notre opposition (manifs, conférences de presse, actions illégales, etc.) ? Ce sont des pistes connues.
J’en propose une autre.
Puisque cette loi constituera un pas de plus dans l’élimination des espaces de liberté et d’autonomie, prenons-en le contrepied : décidons que nous allons au contraire faire naître de tels espaces, même s’ils sont éphémères.
Ils pourraient, si l’on veut, s’appeler « Zones autonomes temporaires », pourquoi pas ?
Par exemple, nous tiendrons, nous aussi, des assemblées d’une semaine à temps complet pour débattre de cet enjeu.
Et faisons-le au même moment que les députés.
Si ce genre de débat local a lieu simultanément dans vingt villes, nous aurons sans doute grignoté un peu de l’autonomie que l’on cherche à nous soustraire et, surtout, manifesté que nous ne nous laisserons pas si facilement réduire au silence.
« Pas terrible ! », me dira-t-on ? « Pourquoi perdre du temps et de l’énergie à ce genre de choses ? » Etc.
Eh bien, en ce moment par exemple, les opposants à telle ou telle partie du fourre-tout qu’est cette LOPPSI 2 s’activent chacun de leur côté : les activistes de l’internet d’un côté, les habitants de logements atypiques de l’autre, etc, etc. Ce fractionnement ne permet pas de voir très clairement l’enjeu global. C’est en croisant nos préoccupations que nous pourrions mieux le cerner, non ?
Et puis, ne devons-nous pas développer en permanence notre savoir-faire en matière de résistance ? Si nous ne progressons pas de ce côté, ne sommes-nous pas fichus d’avance, face au rouleau-compresseur qui, lui, se perfectionne jour après jour ? D’après un article du Monde, LOPPSI 2 serait la dix-septième loi sur la ‘sécurité’ depuis 2002 !!!
C’est pour expliquer ce qu’il aurait été possible de faire du 23 au 30 novembre 2010, à Troyes1 comme ailleurs, que j’écris ceci, en me basant sur quelques expériences. Ça n’aura eu lieu cette fois, ni à Troyes ni ailleurs. Mais une prochaine fois ?
Imaginons une assez vaste salle apte à recevoir durant une semaine une sorte d’assemblée permanente. Imaginons aussi que, chaque jour, une heure y soit consacrée à des « auditions publiques ». (voir Des bâtons? Débattons!). Imaginons encore que les organisateurs se chargent de tenir au chaud une soupe pour réchauffer les visiteurs. Imaginons etc. Bref, imaginons comment les gens qui se sentiront interpellés par cette initiative pourront y prendre le temps de se connaître, de débattre, etc.
Un peu comme cela se passe dans une entreprise occupée par des grévistes. Ne s’y crée-t-il pas parfois des liens mille fois plus forts que dans la vie antérieure au sein de l’entreprise ? Ne serait-ce que parce que l’on prend le temps de se connaître, dans une action menée de manière autonome, loin des chefs…
Libertalia (en Champagne), ce 22 novembre 2010, l’oncle h.
Retour à Faire peur
[1] Bien que ‘pas d’ici’, puisque je suis nomade, c’est tout de même dans cette ville de Troyes que j’aurais aimé contribuer à faire naître ce genre d’initiative.
Explication : un fâcheux ministre troyen du Budget de l’état français n’a-t-il pas fait annuler par les députés de son camp des amendements qu’ils venaient de voter quelques heures auparavant ? Eh bien, si même le pouvoir législatif se voit traiter comme un chien à qui l’on commande ainsi « au pied ! », comment ne pas s’inquiéter d’un vote à venir de cette loi LOPPSI 2 qui renforcera encore – légalement – le pouvoir de l’exécutif ?