Imaginons un être totalement inadapté à l’environnement qu’il se découvre :
démesurément grand au regard de l’infiniment petit, mais démesurément petit si on le rapporte à l’infiniment grand.
N’aurait-il pas de quoi s’effrayer d’une telle inadaptation ?
Un être dont, de surcroît, les capacités d’affection, d’imagination, de rêve et de réalisation sont à la mesure de ses capacités de haine, de violence et de destruction.
N’aurait-il pas de quoi s’angoisser de telles pulsions antagonistes ?
Un être qui, dès son jeune âge, aurait compris que ce qu’il a, et ce qu’il est, sont tragi-comiquement provisoires.
D’emblée désespérant, non ?
L’humain peut-il chercher à comprendre son humanité sans se sentir comme dans un gouffre totalement dénué de parois où s’accrocher ?
Projeté dans une telle situation, je manquerais assurément de sérénité ! Pas vous ?
Je commencerais sans doute par colmater la peur résultant de ces réalités.
J’enragerais aussi de me sentir poussé à imaginer un impossible affranchissement.
Je louerais sans doute quiconque m’aiderait à détourner mon attention de cet horrible sort… et je m’y attacherais !
Je me justifierais même, sans doute, d’être lâche.
Ou haineux, tentant de transférer mes peurs sur autrui(s).
Ou peut-être deviendrais-je tout simplement fou, Ainsi comprendrais-je mieux les maîtres du monde, ces autres fous qui pompent, qui pompent, qui pompent…
A moins que…
Oui, j’estimerais plutôt que l’évolution du primate humain n’est pas achevée.
Que nous sommes des hommes-femmes-pas-encore, Et peut-être défierais-je ce sans-filet-de-sécurité ? Je partirais – allez savoir ! – à la conquête d’une impossible dignité ?
D’autres diraient « noblesse »…
A ce sujet, il existe un exercice, très recommandable à mon avis – d’origine « africaine » dit-on – où l’on fait publiquement l’auto-éloge de sa dignité, de sa légitimité, de sa noblesse.
Si nous ne nous convainquons pas de nos qualités, pouvons-nous, en effet, être sereins, aimés, ambitieux, voire téméraires ?
Et inversement, les exposer ainsi en public est une bonne manière de les relativiser, non ?
Sous l’appellation « évolution personnelle » (à « développement » je préfèrerai toujours « évolution »), je propose qu’en micro-ville nous élaborions et testions des pratiques individuelles et collectives de ce type, aptes à désensabler tout particulièrement ceux, celles qui proviendront de sphères militantes,
Car pour nous extraire de nos confortables ornières, il faudra sans doute « mettre sur la table commune » bien plus d’éléments personnels qu’on ne le fait dans des organisations et communautés habituelles.
Conquérir sa Dignité sera affaire quotidienne, N’est-elle pas mère de vraie Liberté ?
le dossier microvilles