ensemble
Mais si nous n’avons pas tous la même conception de l’anticapitalisme, que pourrons-nous faire ensemble ?
Et même, tout simplement, comment allons-nous coexister au sein d’une même micro-ville ?
On sait que, dans les organisations, on s’est toujours battu à coups de divergences et scissions…
Bref, une telle aventure entre anticapitalistes n’est-elle pas vouée à l’échec ?
Et si nous commencions par nous interroger sur :
« Comment nous accommodons-nous du capitalisme ? »
ou, mieux :
« Ne serions-nous pas constitués de ce capitalisme-même, jusqu’à nos cellules ? »
Car ne sommes-nous pas de ceux qui bénéficient, un peu ou beaucoup, d’avantages de la part du système économique capitaliste ?
En comparaison d’autres humains, allez : ne sommes-nous pas super-bichonnés, pour la plupart ?
Plus grave : ne partageons-nous pas l’essentiel des représentations du monde qui soutiennent le système capitaliste, et qu’il génère ?
Plus grave encore : ne nous plions-nous pas à la hiérarchie et aux valeurs symboliques du système social capitaliste (peu importe que ce soit parfois ou souvent, en en jouissant ou en rouspétant !) ?
Autrement dit, n’affectionnons-nous pas le confort matériel, intellectuel et moral que nous procure généralement ce contre quoi…nous prétendons lutter ?
Et si c’était d’abord ça qui nous unissait, cet ensablement dans le capitalisme ?
Question 1 : Pourquoi sommes-nous donc des pro-capitalistes de fait, en dépit de nos dénégations mentales ?
Question 2 : Est-il tout simplement possible d’être radical dans ces conditions ? Ne faut-il pas plus que se déclarer anticapitaliste, même « de bonne foi » ? Faut-il donner des gages ? Si oui, lesquels ?
Ceux d’entre nous qui, pour inventer les formes de vie quotidienne a-capitaliste (but de ces micro-villes), partiront d’une situation où ces conditions de confort ne sont pas assurées, ou sont refusées, seront certainement les plus crédibles,…et surtout les plus utiles !
Dans notre modèle de micro-ville, il y a à « travailler », à décider comment l’on fait la vaisselle, et bien d’autres choses encore, mais surtout à devenir non-capitalistes.
Il ne s’agit donc pas seulement de « défaire le capitalisme » – ce qui est nécessaire, même si, dans le sens où on l’entend ordinairement, ça dépasse chacun et même une micro-ville – mais d’abord de nous « défaire du capitalisme ».
Et pour ça, y a tout à inventer.
Ou bien je me trompe ?
Pour nous désensabler de nos satisfactions habituelles, le nombre pourrait-il nous offrir les conditions pour y parvenir, en nous « jardinant mutuellement » ?
Oui, si nous y détectons les bonnes personnes et les bons contextes pour ça.
Car se faire jardiner par n’importe qui ?!
Aider/aimer le premier venu ?
Ça, j’en suis personnellement pas capable…
C’est en grande partie pour permettre ce « jardinage mutuel » que les « grappes sont indispensables.
le dossier microvilles