école
A propos de ‘pensée unique’, je me souviens avoir assisté, il y a quelques années à un événement au sein d’un lycée catholique. Du beau monde était présent, député, maire, etc.
La directrice, dans son discours, eut cette phrase à laquelle je ne me serais vraiment pas attendu :
‘Nous sommes là pour faire craquer les coutures du prêt-à-penser’.
Outre que la formule tenait la route, j’ai trouvé ça osé.
Il n’y eut aucun frémissement dans l’assistance, le cocktail a suivi, etc.
Quelques semaines plus tard, je me suis trouvé en désaccord avec T., quand à l’écoute de récit il estima ce propos sans portée : ‘N’importe qui peut prétendre participer à l’émancipation des jeunes ! L’enseignement public, aussi, le radote à tout bout de champ, mais qu’est-ce que ça change ?’.
De fait, l’école pousse-t-elle le jeune à accroître sans fin les moyens d’action sur sa propre vie ?
Pour ma part, je me réjouis tout de même de ces propos d’une directrice d’établissement, en m’étonnant d’ailleurs de les trouver détonants…
J’ai la conviction que l’appareil – la machinerie, la machination ? – nous conduit, tout jeunes, à « aimer nos chaînes jusqu’à ce qu’elles nous semblent les tendres bras d’une mère », selon le propos de P.S. Kogan, d’une mère à qui l’on doit oublier de désobéir…
D’où vient-il donc que – l’expérience du ‘jeu de la mort’ était décidément très instructif – 6 d’entre nous sur 10 sommes capables de nous transformer en bourreaux sur un simple ordre même pas assorti de menace de châtiment ?
Un remarquable enregistrement de Jacques Duez, dans sa classe, montre un jeune de dix ans environ se déclarant, s’il était bourreau, prêt à exécuter quelqu’un qu’il connaît. Il faut, toutes affaires cessantes, voir les documents que cet étonnant pédagogue – un autre ‘maître ignorant’ – a accumulés durant trente ans en donnant la parole à des élèves du primaire. On se prend à admettre que l’attitude des puer (érasme) devant l’existence peut bel et bien constituer la base de tout enseignement à cet âge !
Tout au contraire, c’est un infans perpétué que produit indéfiniment l’appareil scolaire. Comment s’étonner, alors, des comportements si parfaitement infantiles de dirigeants : s’ils sont au faîte d’édifices d’infantilisation généralisée, serait-ce qu’ils ont donné assez de gages de conformité au modèle ?
Il y a une dizaine d’années, moi qui écris ici, j’avais utilisé mon plus beau clavier pour écrire à un ministre en charge de calmer l’opinion par un ‘Nous allons nous attaquer à la violence à l’école’. Au cours de sa présentation au Parlement, il s’était trouvé – rien de bien nouveau… – face à des élus entravant son discours. On eût dit des potaches, à cette différence près que le ministre disposait pour le soutenir du marteau d’un vigile – le président de l’Assemblée -, ressource dont ne dispose pas encore – dieu merci ! – dans sa classe un/e prof ordinaire… Je rendais seulement compte au ministre de ce pas -si-étrange parallèle et, ma foi, j’eus aimé lire sa réponse !