Fin de contrat

Une amie m’écrit d’Espagne.
Vers un deuxième ou un troisième étage flottait un voile de mariée, comme suspendu dans les airs, pied-de-nez à la gravité, batifolant, voltigeant sans hâte, on eût dit libre, comme s’il s’amusait, comme s’il jouissait de sa descente, lente, lente, lente.
Libre, libre, libre.
Quelques étages plus haut, venaient d’une fenêtre les gémissements d’une femme en train de jouir, elle aussi, de sa liberté. Dans son entre-cuisses, à peine repérable, égaré dans les volants dentelés de sa robe, le serveur qui avait apporté le couteau pour découper le gâteau de mariage. Il était le troisième à cette place depuis qu’avait pris fin la cérémonie à l’église, ce matin.
Au rez-de-chaussée, le mari, ivre et euphorique, célébrait sa victoire : la femme que tous avaient tant désirée était enfin sa femme. Dans le passé, peu rassuré par sa beauté si attirante, il lui avait fait promettre sur la tombe de sa grand-mère qu’elle serait vierge le jour du mariage.
Ce ne fut pas facile. Mais elle avait respecté la mémoire des morts. Le mariage la libérait enfin de sa promesse. Et sa grand-mère continuerait ainsi de reposer en paix…

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