R et H. avaient concocté un projet, qui n’a pu se réaliser. R., passionné d’aménagements naturels (cours d’eau, notamment) disposait d’un ancien moulin sur bief, aménagé pour l’accueil de groupes.. H., quant à lui, avait en tête de créer une école alternative. Un ami les met en relation. La mayonnaise prend. Il en émerge un projet original : créer une …non-école.
Cible : des jeunes préparant le bacc par correspondance. Recrutement à 18 ans minimum – autrement dit, pas de mineurs – sans âge maximum. Motivation exigée pour une vie en groupe et une gamme d’activités débordant le ‘programme’.
Pas de profs : les cours par correspondance sont là pour fournir ce qu’il faut. La non-école est là pour faciliter à la fois le travail scolaire des jeunes – étudier seul dans son coin, c’est pas si évident ! -, mais aussi les initiatives qu’ils pourraient prendre. Mais faciliter, seulement. Des coups de main bénévoles étaient de surcroît attendus du voisinage.
H. avait rédigé et auto-édité une réflexion sur l’école. Selon lui, l’enseignement conventionnel est adapté aux élèves conformes mais, pour les autres, des ’détours’ accompagnés sont la seule solution : il allait jusqu’à imaginer que, revenant dans l’enseignement conventionnel après un détour, cette deuxième catégorie pourrait y devenir le ferment d’un bouleversement profitable aux uns comme aux autres. Rêve, probablement, mais il n’empêche que ce projet de non-école s’inscrivait dans cette notion de ‘détour’ en laissant au jeune la totale responsabilité de son parcours.
Pas d’hébergement sur place – des logements vides se trouvent aisément à proximité, hors saison touristique -, mais quelques équipements : ateliers techniques, écurie, centre de documentation et locaux de rencontre destinés à constituer le site autour duquel non seulement les jeunes mais aussi les personnes du voisinage pouvaient avoir des raisons de se retrouver. Facilitation de stages divers à proximité.
Et puis, ce défi : remettre ensemble la rivière en état, avec un programme sur deux ans pour commencer.
Las, un événement remet tout en cause : R. décède.
H. s’est mué en un colporteur de graines de non-écoles.