Guide de lecture/voyure du Dr Louis Fouché en 8 minutes et des poussières…

Le flamboyant Dr Louis Fouché s’est fait connaître
notamment par le site reinfocovid et par sa démission de l’APHM.

C’est aussi un intellectuel fort respectable !

Voici une présentation que je fis de sa pensée, il y a un an,
à partir d’une vidéo publique et d’un écrit qu’il avait bien voulu me communiquer.

‘La « Disruption » consiste pour le système technique et ses “propriétaires” à aller toujours plus vite que ce que peut métaboliser le système socio-politique.

1ère conséquence de la disruption : le groupe socio-politique est “toujours en retard”. Et puisqu’il l’est, il perd sa capacité à rêver le bien commun qui pourrait advenir. Il y a perte des repères du Nous, perte de sa raison d’être. Les “protensions” collectives positives, entendues trivialement comme “idéal commun positif”, s’effondrent.

2ème conséquence de la disruption : La destruction du lien social et l’isolement progressif des individus. L’individu est perdu sans la protection d’un Nous structurant, (il est) à la merci de celui qui possède la technique. Voilà donc que l’individu a perdu une condition de sa survie en perdant le groupe social qui faisait sens. Il se cherche de manière pulsionnelle de nouveaux repères d’appartenance, les règles du jeu collectif sont rebattues mais il ne se trouve personne pour définir le bien commun.

3ème conséquence de la disruption : la destruction du lien social et l’isolement progressif des individus. L’individu est perdu sans la protection d’un Nous structurant, à la merci de celui qui possède la technique. Voilà donc que l’individu a perdu une condition de sa survie en perdant le groupe social qui faisait sens. Il se cherche de manière pulsionnelle de nouveaux repères d’appartenance, Les règles du jeu collectif sont rebattues mais il ne se trouve personne pour définir le bien commun.

4ème conséquence de la disruption : puisque le Nous ne fait plus ni corps ni sens, puisque chacun et nous tous sommes toujours en retard, l’individu est seul et triste.

5ème conséquence de la disruption : qui fonde les règles communes disloquées ? Celui qui possède la technique et sait la vectoriser par la pulsion, avec la puissance de publication des media de masse.’

*

A ce stade de la lecture de son texte, bifurquer vers sa vidéo

à partir de la minute 19 (mais, bien sûr, ça vaut aussi la peine de l’écouter durant les 18 premières minutes…)

Et, à la minute 21 : La Santé, telle qu’elle « doit » être désormais.

Si l’on est pressé, mettre sur pause à la minute 25 (mais, bien sûr, ça vaut aussi la peine de l’écouter durant les 23 minutes qui suivent…)

Allez, avant de quitter totalement, un coup d’œil à partir de 36’40 ce serait vraiment pas mal !

*

Si l’on dispose de 8 autres minutes : retour à un peu de lecture.

‘Il y a disruption en Santé : dans les logiques à l’œuvre comme dans leurs effets.

Savoir et Praxis des soignants sont transformées par une technique.

Les articles scientifiques sont l’incarnation et la mémoire de la Recherche médicale de l’ère statistique de la Vérité médicale.

Prolétarisation des soignants et des médecins, c’est à dire dépossession de leurs savoirs et de leurs savoirs-faire.

Les soignants deviennent les agents dans le réel de savoirs et de savoirs-faire qui ne leur appartiennent plus.

Le pouvoir a changé de main et n’admet plus de contre pouvoir.

Les valeurs évoluent.

Un bon interne et un bon médecin ne sont plus humains, responsables, bienveillants.

Ils sont efficaces, et dociles aux protocoles.

Le patient n’est plus patient.

Il est autonome et a des droits.

Les soignants sont de bons soignants s’ils respectent les standards qualité des “protocoles de soin” et s’ils ont une bonne couverture assurantielle destinée à couvrir les dommages potentiels aux soignés.

Contrairement à l’idée fortement répandue dans la médecine de l’hyper modernité, le soin ne consiste pas seulement en l’éradication technique d’une pathologie.

Bien au contraire, une grande part de la demande réelle de soin consiste en l’accompagnement de la souffrance.

La souffrance n’est pas effacée par l’éradication de la pathologie par des moyens techniques.

La souffrance est accompagnée.

Elle est accompagnée dans au moins trois dimensions.
D’abord elle est accompagnée par un récit symbolique commun qui permet de lui donner sens au sein d’une culture.
Ensuite, elle est accompagnée par des pratiques sociales qui permettent au groupe de serrer les coudes dans l’adversité. Cet accompagnement social est l’organisation opérationnelle de soutien à un membre du groupe en danger.
Enfin, la souffrance est accompagnée par la technique.

Mais quand l’assistance technique est devenue le secteur d’assistance où se concentre tout l’investissement culturel, il existe un effondrement de la part symbolique et sociale d’accompagnement de la souffrance.

L’humanité achève son rêve de grandeur dans le champ sanitaire par la disruption technique numérique.

Elle y trouvera les mêmes limites que dans les autres champs de l’existence.
C’est-à-dire un rappel à la réalité des limites de l’écosystème dans lequel nous vivons.

L’accélération de tous les secteurs de la vie humaine est l’accélération vers la chute.

La technique a servi à nous affranchir des contraintes du réel.

Le but évolutif est de couper l’humain de ses racines dans le réel et d’en faire un être à la dérive, sans abri et sans histoire.

L’individu est découplé du réel.

Il est absolument seul dans ses innombrables réseaux sociaux numériques factices.

Il s’est bardé d’artefacts qui disent mieux que lui la vérité de chaque seconde.

Il ne sait plus écrire un récit symbolique et social qui fasse sens.

La technique aux mains de quelques milliardaires qui décident du destin du monde, est devenue folle.

Tout doit devenir nombre.

Tout doit devenir automatique et algorithmique pour enfin toucher à la perfection.

Plus de place pour l’erreur, pour la morale, pour la poésie, pour une narration commune.

Le monde transformé en nombre est un champ de ruines laissé par le règne des ingénieurs et des marchands.

Ils nous souhaitent la bienvenue dans l’Effondrement, ils y vendent encore du prozac et toutes les technologies du “bien-être”.

Aucune éthique n’est opérante dans ce système trop complexe où la meilleure décision est celle d’un algorithme pouvant “processer” du “big data”.

L’Homme est désemparé de son destin individuel ou collectif.

La boîte de Pandore est ouverte, y a-t-il une espérance cachée au fond ?

Un certain fanatisme optimiste technophile défend la position suivante : la technique nous a toujours sauvé de l’effondrement, elle le fera encore.
Appuyons sur l’accélérateur !

Ce qu’il faudrait, c’est travailler sur l’intention des systèmes techniques.
Travailler sur l’intention des systèmes techniques permettrait peut-être de revenir à ce qui fait sens. Y compris en Santé. Chaque innovation technique, si elle favorise la coopération et les échanges, sera potentiellement bénéfique.

Mais on ne peut pas travailler sur l’intentionnalité d’un objet.
La machine ne porte pas de charge éthique en soi.
C’est l’intentionnalité du créateur qui la porte.
Il faut donc travailler sur l’intentionnalité du créateur.

Pour retrouver un sens, les tenants de la technique doivent retrouver un cadre symbolique et social qui les tiennent au bien commun.

Comment faire ?

Toute l’entreprise des marchands a été de s’affranchir du cadre.

Si l’on veut vraiment changer l’intentionnalité des producteurs marchands de technique, il faut que les ordres législatif et politique fixent des limites.

Oui, mais : le législatif et le politique sont actuellement tenus dans le monde occidental par la dette des États et la perte de possibilité de battre monnaie.

Le chantage est simple: si le politique met des limites juridiques au pouvoir des ingénieurs et des marchands, ceux ci ne financeront plus les États. Les fonds de pension ne verseront plus la retraite des fonctionnaires, les allocations chômage, les minimas sociaux, etc…

Ce pouvoir politique asservi au monde financier et marchand est la représentation du peuple lui-même.

Et ce peuple lui-même est tenu à son tour par ses rêves de confort et de toute puissance individuelle.

Si les individus ne sont pas prêts à structurer la limite, alors le groupe ne le fera pas.

La France a été pionnière dans le fait de donner à la Santé une “place à part” et de la poser comme un bien Commun.

L’érosion culturelle anglo-saxonne à l’œuvre dans l’idéologie économique néolibérale de l’Union européenne est en train de nier ces choix.

Ce n’est pas une fatalité.

Le rôle de l’éthique moderne est peut-être d’ouvrir le monde économique et technique à une réflexion sur les responsabilités sociales, environnementales et symboliques d’un choix.

Au fond, sur l’impact écosystémique d’une décision.

Cette ouverture ne peut être effective que si l’éthique dispose d’un veto féroce.

Ce veto ne peut tenir que si la légitimité des comités d’éthique est forte et leurs méthodes opérationnelles.

La décision ne peut être éclairée que si une culture écosystémique a imprégné les esprits.

La Prudence sera notre propos final.

La Prudence n’est pas immobilisme ou timidité.

Dans l’action comme dans la pensée, la prudence est l’intelligence du courage.

Chez Montaigne, la prudence intellectuelle est la vertu.

Elle va de pair avec une grande hardiesse des positions.

La Prudence indique la précaution élémentaire.

Il y a aussi un petit air de lenteur dans les plis du concept.

Nous croyons que cette vertu est utile à concevoir une écologie de la Santé humaine ouverte à la contradiction et opportuniste quant à une technique utile.

L’effondrement du monde occidental capitaliste est en cours.

C’est une occasion inespérée de visiter à nouveau frais la définition-même que nous donnons à la Santé.

Loin de fermer des portes, la réduction du confort matériel de l’humanité ouvre la porte à réinvestir le besoin social et symbolique de l’Humanité, et qui sait, spirituel.

Il importe désormais de raconter une histoire de la Santé humaine qui unisse les Humains entre eux et à la Nature.

Le changement de prisme depuis la rationalité instrumentale dénoncée par Adorno vers un regard écosystémique est une problématique éthique.

Une éthique écosystémique peut faire espérer un système de Santé souhaitable pour les générations futures.’

Dr Louis Fouché

Note de l’éditeur

Selon Adorno, ce qui se manifeste c’est la culture (ce qui relève du culturel).
Or la culture est cet encrassement du monde et des choses à la fois par l’histoire, le discours, les bavardages, les représentations.
La critique vient gratter, tenter de dissoudre ce qui s’est sédimenté, faire apparaître par l’analyse critique ou l’exagération* que sous une évidence se cachent des contradictions…

* Dans un de ses textes, Adorno, défend l’idée d’exagération que la pensée doit utiliser comme une méthode, enfoncer le clou jusqu’à l’absurde pour que quelque chose bouge, faire craquer le vernis.
Il ne s’agit donc pas de négativité comme projet, mais comme ruse, technique de survie dans un contexte si négatif que seule la négativité peut le faire exploser.

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J’aime me poser des questions, et j’ai des convictions : les deux marchent de pair !

Mes billets, au jour le jour, s’ajoutent à pas mal de mes écrits anciens…

Aujourd’hui, je suis aussi l’éditeur de desinfo.

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