Au temps où j’allais à la soupe populaire, je n’avais pas encore appris à jeûner. Avec mon expérience actuelle, j’eus pu faire faire de menues économies à la collectivité organisatrice !
C’est pourtant par ce canal que je fus déniaisé quant aux sans-papiers. Une première rencontre m’apprit l’itinéraire concréto-concret d’un migrant africain depuis sa prison là-bas jusqu’à son boulot sous nom d’emprunt ici. Il est l’un de ceux qui me paient aujourd’hui ma retraite ; particularité : lui au moins est certain de ne pas en bénéficier lui-même le jour venu…
En jeûnant dans mon coin, je serais demeuré ignare à ce sujet.
Une seconde rencontre me fit côtoyer un maghrébin qui en était à son vingt-et-unième séjour en centre de rétention, autrement dit quelqu’un qu’il n’y avait aucune raison d’expulser sinon c’eût été fait depuis belle lurette.