C’était un printemps, au Mexique.
Je venais d’être quittée.
Je ressentais que les abrupts changements de climat ne me donneraient plus comme avant la certitude des jours ensoleillés pleins de naïveté.
Pour moi, ces jours ne seraient plus jamais comme je les ressentais dans mon enfance.
Les médias et les New-age, Ils nous annonçaient que nous contaminations la planète avec nos malaises « La terre agonise de notre neurasthénie et de notre dépression manifestées par notre consumérisme.
Bientôt, le cancer sera la première maladie».
Je le lisais dans les journaleux-yeux des passants.
De ma chambre, je voyais les branches de l’arbre qui se balançaient avec une certain désespoir.
Je prenais ce mouvement pour un manque de sentiment, d’empathie envers moi.
La couleur de l’aube était celle de la solitude.
Le jour était dans ma fenêtre, au-delà la vie s’achevait.
L’ombre de l’arbre griffait la vitre.
L’arbre et l’ombre, un seul.
Le son et l’ombre, un seul.
L’arbre me demandait de rentrer dans mon lit, fou furieux.
Il voulait mêler ses branches à mes pieds, se recueillir dans mon ventre, dans mon cœur.
Je ne pouvais pas le laisser faire.
Terreur d’être fécondée et d’être amoureuse de lui.
J’ai pensé «Il va mourir de froid».
Je suis le froid.
Il avait réussi à entrer.
On voyait bien dépasser des draps les pointes de ses branches.
J’ai tourné la tête pour ne pas les voir s’avancer.
Endormi à mon côté, il y avait le plan du métro qui retenait encore les couleurs vives des veines de la ville, malgré la lumière gribouilleuse de la matinée.
Gribouilleuse ma fenêtre, gribouilleux mes yeux.
Il n’y aura plus de restaurants italiens, ni cafés à Coyoacàn avec mon amoureux.
Je ne lèverai plus ma main ni ma jupe pour lui dire au revoir, plus d’enfouissement dans le bus qui me ramenait heureuse jusqu’à chez moi.
Aujourd’hui, des années après, le temps continue froid.