école
« Les enfants, on l’oublie, portent aussi leur mélancolie ; et, pour le meilleur et pour le pire, ils la vivent peut-être plus fortement, car à cette période rien ne se vit à moitié : le monde s’engouffre en nous de toutes ses forces et par toutes les entrées de notre âme encore tendre. Il y fait son œuvre sans égard pour notre être. Puis il se retire tout aussi violemment. Vient alors le temps dans lequel on apprend à comprendre, à fuir, à se fermer, à feindre, à ruser, à guérir plus vite. Ou à mourir. Le temps enseigne toujours, cependant. Mais il faut du temps pour apprendre du temps. Et l’enfant n’est qu’au début du temps. (…)
L’enfant qu’on a été jettera toujours un regard déçu et cruel sur ce qu’il est devenu adulte. (…) devenir adulte est toujours une infidélité qu’on fait à nos jeunes années. Mais là réside toute la beauté de l’enfance : elle existe pour être trahie. » » Mohamed Mbougar Sarr – La plus secrète mémoire des hommes.