Prête-moi ta plume
Mon ami Pierrot (le Moineau)
Je dois parler de Vous
De Vous les minorités
Qui rythment au gré du temps
Mon petit mouvement.
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De moi que pourrais-je dire si ce n’est
Que de ma main tendre et maladroite
Je ne veux que tenir cette plume
Maladroitement donnée
Cette plume qui change et qui varie
Selon le temps, l’époque, la maturité aussi
Selon son support-même car parfois
J’aime plonger dans mon plumier de l’anar poésie
En tirer des plumes de combattants des airs
Des plumes d’à-propos.
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Prête-moi ta plume mon amie corneille
Toi qui de tout temps
Subis les tracas
On te prête toute sorte de légendes
On te couche dans toutes sortes de lits
On te discrimine on te poursuit
Et pourtant jamais tu ne dis non
Quand il faut, chaque matin
Ouvrir ton aile à la vie.
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Prête-moi ta plume mon ami autochtone
Ta plume empruntée à l’oiseau de la nuit
A l’oiseau de la selva
A l’oiseau de combat
Les plumes empruntées sont des attributs de beauté
De force et d’énergie
Parfois je me demande quelle force pure
Doit émaner sur la tête d’un chef, d’un guerrier
De cette énergie de l’oiseau
Décuplée en sa coiffe.
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Je regarde le monde à la façon de l’oiseau
Je le regarde au moment présent
Quand sa beauté directe n’est nullement altérée
Je prends la plume offerte et couche
Chaque jour mes forces pour les conjuguer
Aux forces que demandent les luttes des minorités
J’ai choisi ma demeure
Cela je peux le dire de moi
Ma demeure Abya Yala ma demeure empruntée comme la plume
Là où demeure mon âme d’une autre vie : peut-être : qui croire, que croire ?
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Ici on se sent bien, les indigènes, les oiseaux et moi avec
A la main
Ma plume
Toujours prête à dégainer
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Nous voulons tout apprendre
Nous voulons tout comprendre
Nous avons des certitudes de moment présent
C’est le constat
Il faut le transmettre par les moyens en vogue
Par les ondes
Par le tambour des luttes
Par le porte-à-porte
Par le vol de l’oiseau
Par tous les moyens
Consistant à dénoncer contrer proposer réclamer justice défendre la Terre-Mère défendre la vie.
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Sans se fatiguer…
Sans se fatiguer….
Il n’y a pas à regarder plus que ça en avant en arrière
Juste faire ce que l’on croit juste
En accord avec soi-même, ses convictions
Elle est longue cette lutte pour la vie
Elle demande les forces d’une vie
Sans doute plus
On donne ce que l’on a
A sa façon
Les peuples nous montrent la voie
Quand on la sait
Quand on l’a vue
Quand on a l’a reconnue
On ne peut que l’emprunter
Avec la plume
Avec nos forces de papier
Sans barguigner
Avec le sourire de ce Bien Vivre aux lèvres
Car la vie
Se vit
Intensément.
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Carole Radureau (28/09/2021)