école
Zinzin, comprenant que j’ai l’intention de tourner longuement autour de la question ‘Nuisible, l’école ?‘, me fait part d’une de ses réflexions :
« Figure-toi que je tombe hier sur un de mes « bulletins scolaires » d’antan.
Mon sang a manqué faire demi-tour.
Pour résumer, ça disait « Médiocre en dictée, et un peu plus médiocre en maths ! »
accouplé à « Très bon en histoire ».
Un rien dissonant, non ? Mais bon…
Et ça concluait :
« Rechercher la filière « pro » convenant à cet élève étonnant. »
En réalité, je suis – du moins me le dit-on – pas mal bon en histoires, mais pas du tout bon en histoire.
Par contre, là où je suis vraiment bon, c’est en mémoire.
J’explique.
Pour l’examen d’histoire où je m’étais ainsi fait remarquer, j’avais tout simplement contredit, mais sans le savoir à l’époque, le principe du grand technomaître Bloom :
« Mémoriser et restituer des informations dans des termes voisins de ceux appris. »
Moi, j’avais tout bonnement recraché le cours du prof tel quel, pas dans des termes voisins !
Mon excellente mémoire me permettait de le faire sans recourir à la moindre note planquée dans le poignet de ma chemise, en prenant bien soin d’utiliser ses mots exacts, surtout pas ceux du manuel Malet & Isaac, qu’il n’estimait pas assez bien choisis !
Et surtout pas de mots de mon cru, non plus : trop risqué, car ça pouvait révéler les défauts que, précisément, cherche à débusquer tout examen…
Comme tant de sujets scolaires, celui-ci n’avait strictement rien pour m’intéresser :
« L’empire colonial anglais : en 1814, puis en 1914 ».
Ce sujet de devoir, le prof l’avait néanmoins sorti du Malet & Isaac, comme s’il voulait s’attirer quelque bonne grâce de l’inspecteur, peut-être un fan des manuels d’histoire, synonymes d’autorité, allez savoir…
Bon, où veux-je en venir ?
Eh bien, de même que la mémoire en tant que mémoire, la mémoire brute pourrait-on dire, n’est pas du tout prise en compte à l’école – c’est comme s’il lui fallait être mixée à quelque chose de plus noble : poème, calcul, ou n’importe quelle « matière scolaire » – eh bien le bricolage, la bidouille, le « il suffisait pourtant d’y penser », non plus, n’y a aucune place.
« Ingénieurs Oui ! – Ingénieux Non ! », en somme…
Or moi, au même titre qu’un Goncourt des lycéens, je verrais bien un Concours Lépine des lycéens.
A la réflexion, et avec le recul, je trouve ça atterrant, que ceux des jeunes qui pourraient développer leurs aptitudes à l’ingéniosité – et ainsi, au passage, leur confiance en eux-mêmes, ce qui n’est tout de même pas rien quand on est un ou une ado ! – ne trouvent dans cette si noble institution aucune, rigoureusement aucune, aide pour progresser.
Ce n’est pas seulement du mépris pour des aptitudes pourtant si utiles dans la vie, c’est du mépris pour les jeunes en question.
Et moi je dis, donc : « Il faut sauver les ingénieux ».
Et j’ajoute : « Et les fantaisistes aussi ». «