Un ascète désopilant

Vu de mes yeux vu, dévalant une haute dune en roulant, un bonhomme au moins aussi usé que moi par les ans. Arrivé au bas, il se remet sur pied, rétablit short et tee-shirt, remonte et se laisse à nouveau rouler. Ayant compté dix roulades, j’ai poursuivi mon chemin. Les autres promeneurs emmitouflés semblaient aussi désopilés que moi à cette vision surréaliste. Peut-être un ascète ? Un ascète désopilant en ce cas !

Liberté égalité Fraternité sinon la mort

‘Liberté égalité Fraternité sinon la mort’ : je ne connaissais pas la formule entière, issue des francs-macs si j’ai bien compris, et qui préexistait à la Révolution française ; je l’ai découverte au fronton de la mairie de Troyes.

‘Le pouvoir pour pouvoir pouvoir’ : la formule est de Font & Val.

‘Le pouvoir pour se sentir exister’ : la formule est de moi, tout comme celle-ci : Ni dieu ni maître ni slogan de ce genre ! (je n’en suis pas peu fier !)

‘Le travail rend libre / Travailler plus pour gagner plus’ : ici ma mémoire se brouille.

J’en reviens à ‘se sentir exister’ [il y aurait aussi : Ne plus se sentir pisser, mais c’est ‘essentiellement’ autre chose). Exister, donc. Et je me remémore la thèse d’Arnsperger, pour qui le capitalisme est le fruit d’une relation non pacifiée au fameux ‘drame de l‘existence’, à la mort [laquelle est l’exact contraire de l’existence, n’est-ce pas ?]. Se demander, donc, si cette perversion – à mes yeux, tout du moins – de l’existence qu’est l’appétit de pouvoir ne proviendrait pas du refus de cette objective et foncière égalité qu’est l’égalité devant le rideau final. De là viendrait que nous sacrifierions au p. dès que se présente une ‘ouverture’ ? Gagner, monter en puissance, briller, accorder des faveurs, être au pouvoir, aux affaires, ‘faire’ du fric, juger, conseiller, faire le médecin, être une maîtresse femme, obtenir le silence, jouir d’un ascendant, séduire, retenir l’information, pouvoir dire non, violer, tenir le haut du pavé ou la dragée haute, égorger son voisin, maîtriser l’argent du ménage, avoir un public, emprisonner, fixer des objectifs, administrer, arbitrer, être le patron, essorer un débiteur, menacer, et ainsi de suite. ‘Connaître par l’intelligence, c’est d’abord affirmer sa propre autorité’ écrit le lecteur d’un livre que je trouve chez un bouquiniste.

Et il y a échec à déchoir, voire à traverser de situations où ne serait-ce qu’un p’tit chouia de p. est perdu au passage…

Maintenant, j’y colle mon hypothèse : n’obéiraient que ceux qui caressent la perspective de se faire eux-mêmes obéir.

Confrontons. Il en sort quoi ?

Rien ? C’est fort possible ! Ne nous décourageons pas pour autant !

Me frappe ceci : les humains sont concentrés – physiquement ou non – en des lieux de travail qui sont des haut-lieux de pouvoir.

Et on les fait baver d’envie de s’y voir ramasser.

Convictions

Il est fréquent que les organisations aux buts généreux révèlent d’invraisemblables pratiques de pouvoir. Je note dans le Petit traité de désobéissance civile de Chloé Di Cintio les propos d’un formateur, Hervé Ott, au sujet des quelques mouvements de désobéissance repérés en France :

‘La structure psychologique des leaders est toujours la même : ce sont des gens pleins de peurs. Ils ont à travailler sur leurs peurs pour devenir démocrates et républicains. Cependant leur force est d’être intuitifs, voire visionnaires. Ils répondent au besoin de direction et de sécurité en donnant des objectifs. Mais le plus souvent, ils entraînent par la séduction, et non par un travail d’animation et de débat en interne. (…) Les leaders qui fonctionnent dans un sens démocrate, on ne les connaît pas. Ceux qui émergent sont les plus ambigus. (…) Les convictions sont le cache-sexe des peurs. Une fois les peurs parties, il reste peu de convictions.’

Tout se passe comme si, à l’échelle des organisations restreintes comme à des niveaux plus massifs, l’outillage pratique de la démocratie restait en permanence moyenâgeux (prises de décisions, résolution des conflits, etc.) sans que ça préoccupe.

Situation qui ne peut que conduire au découragement de ceux qui ’y sont’ comme de ceux qui pourraient ‘y être’.

Imaginons que soit consacrée à l‘élaboration d‘un tel outillage autant d’énergie que, par exemple, à la sophistication du marketing ! Ce rapprochement est-il dénué de sens ? L’école, bien entendu, n’aurait rien à faire dans cette histoire n’est-ce pas ? elle a trop à faire avec les programmes, le maintien de l’ordre, etc.

Si l’on imagine de grandes et petites communautés intentionnelles où s’invente et se pratique un modèle réellement alternatif de vivre ensemble – en donnant à l’élaboration de ce modèle au moins autant d’importance que les buts externes qu’elles se fixent – leur capacité à attirer ne pourrait-elle pas être tout simplement énorme ? Existerait-t-il, d’ailleurs, d’autres manières de rompre ?

Les litanies sur ‘la disparition des préoccupations collectives’, avec ou sans mention spéciale ’chez les jeunes’, et autres ‘montées de l’individualisme’, ne reflètent-elles pas une bonne dose de complaisance ?.

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J’aime me poser des questions, et j’ai des convictions : les deux marchent de pair !

Mes billets, au jour le jour, s’ajoutent à pas mal de mes écrits anciens…

Aujourd’hui, je suis aussi l’éditeur de desinfo.

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