Un atelier d’intelligence collective

Nous sommes une centaine de participants.
En arrivant sur la terrasse devant la salle de réunion, nous recevons un feuillet où figurent quelques phrases provocatrices comme « A plusieurs, c’est jamais calme », « Collectif’, j’ai déjà entendu ce mot quelque part » : pas mal peut-être pour activer nos neurones, mais bof !
Mon voisin, tout comme moi, est dubitatif…
Et il nous est attribué, à chacun, deux numéros dont la finalité n’est nullement expliquée.

C’est en faisant résonner un gong – très belle sonorité, très longues résonances, c’était vraiment très beau ! – que l’organisatrice fait savoir que l’atelier est commencé.

Et ça s’inaugure – ça, je ne m’y attendais pas le moins du monde ! – par une invitation à danser d’un pied sur l’autre, en mettant progressivement en mouvement l’ensemble du corps, sans chercher à être parfait.e ; juste « comme on le sent ».
Hum ! j’étais – oui, j’ l’avoue – un tantinet gêné.
Un peu furax aussi car, moi, ce sont les idées qui m’intéressent : je n’avais tout de même pas fait le déplacement de si loin pour venir danser !
Et puis, invitation à nous déplacer lentement au sein du groupe.
Aux coups de gongs, arrêt pour dix secondes d’échanges de regards silencieux avec la personne en face de qui nous nous trouvons à ce moment-là.
Puis le mouvement collectif reprend, lentement, posément, tranquillement, comme au ralenti.
Trois ou quatre arrêts s’enchaînent (j’avoue que, contrairement à mon penchant, je ne les ai pas comptés : mon intellect était sans doute déjà un peu défrisé…).

Puis nous sommes invités à prendre connaissance du premier numéro figurant sur notre feuillet d’accueil. Le mien : 47.
Comme je ne comprends pas, on m’explique que ça signifie que je suis invité à rejoindre le groupe 4.
Certains groupes – dont le mien – se constituent sur la terrasse ; d’autres dans la salle. Mais il n’y a de sièges installés ni dans la salle ni sur la terrasse : nous allons donc nous réunir debout, à une dizaine par groupe.
Au programme : chacun.e est prié.e d’exprimer ce qui le « turlupine » en matière de fonctionnement collectif, les questions qui l’ont conduit.e à venir ici, la découverte qu’il/elle a fait.e ces derniers temps à ce sujet, etc.
Le tour des dix personnes dure un quart d’heure.
Comme d’habitude, certain.e.s tentent – hélas ! – de raconter leur vie, ou de faire état de leur super-savoir, etc.
D’autres sont gêné.e.s d’être ainsi invité.e.s à se découvrir devant des inconnus.

Nouveau coup de gong annonçant que nous avons un nouveau boulot à faire, durant quelques minutes : sélectionner chacun.e, parmi les dix propos entendus, celui qui nous « parle » le plus, et que nous aimerions propager ; et, du coup, vérifier auprès de la personne qui l’a exprimé que nous l’avons bien comprise. Nous sommes trois à avoir sélectionné le même propos, et nous en discutons un peu.

Re-gong.

Notre feuillet d’accueil porte un second numéro.
Pour moi, c’est le 20. Me voilà donc en train d’annoncer haut et clair la constitution du nouveau groupe « Vingtaine ». Dix personnes viennent faire cercle (un peu plus, d’ailleurs, puisque certain.e.s retardataires essaient de se trouver une place…).
Nous sommes toujours debout, et ça m’irrite. Chacun.e va exprimer dans ce nouveau groupe le propos qui l’a le plus intéressé.e dans la configuration précédente, sans trop en rajouter.
Nous réalisons donc un nouveau tour de parole durant un quart d’heure, découvrant ainsi ce qui a touché chacun des dix participants.

Vient le moment de la réunion générale, dans la salle.
Enfin, et en un tournemain, voici les sièges !
De chacun des dix groupes de deuxième génération est alors exprimé par une personne tirée au sort le propos qu’il.elle a retenu comme le plus important de ceux qui y ont été exprimés : ouf ! une mise en commun qui échappe aux sempiternels « Et puis on a dit aussi que… » etc. !
Après ces dix prises de parole, une invitée spéciale – sorte de grand témoin, au motif qu’elle s’y connaît en matière d’intelligence collective – réagit aux propos que le groupe a ainsi sélectionnés, et aussi à certains de ceux qu’elle a captés en laissant traîner des oreilles durant le processus précédent.
Du gâteau ! C’est vrai…
Et puis, soi-disant, nous nous séparons…

Hum ! même pas vrai que nous nous séparons, puisque divers petits groupes se forment autour d’une personne qui a exprimé ci ou ça ; en réalité, le.la transmetteur.rice n’ayant été qu’un.e porte-voix, on se met en chasse de la personne qui est à l’origine du propos-vedette….

Et parallèlement, comme d’habitude, l’invitée spéciale, elle aussi, est assaillie : sujet supposé savoir, elle est imaginé détentrice de ce savoir qui nous fait si malicieusement défaut.

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J’aime me poser des questions, et j’ai des convictions : les deux marchent de pair !

Mes billets, au jour le jour, s’ajoutent à pas mal de mes écrits anciens…

Aujourd’hui, je suis aussi l’éditeur de desinfo.

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