Une telle approche me semble un progrès par rapport aux ‘exercices’ habituellement proposés – ceux évoqués ci-dessus, mais aussi ceux qui fleurissent dans le registre du ‘développement personnel’, du yoga (yoga signifie bien ‘exercices’ non ?), etc. : celle-ci implique du réellement collectif. Loin de moi, pourtant, de me définir comme collectiviste ! Ma conviction est même que, sans un fort usage des richesses de l’individualisme, nous échouerons encore et toujours à renouveler politiquement nos manières tant de vivre ensemble que de progresser en affranchissement. Mais un gouffre sépare l’individualisme de l’égotisme !
Je nommerais volontiers « communauté intentionnelle » la grappe des personnes que me décrit N., celles impliquées de près ou de loin dans la rédaction-expérimentation du ‘livre’ sans pourtant mener leurs actions en commun.
Une autre modalité existe, déjà pas mal fréquentée, ce me semble. Dans toutes les structures supposées ‘s’occuper’ des non-normaux (handicapés, malades, vieux, et j’en passe), un méchant processus de normalisation est en route : priorité à la comptabilisation. A Bruxelles, en 2008, des infirmières défilèrent avec, en pendentifs de poitrine non pas des stéthoscopes, mais des claviers d’ordinateurs. L’attention thérapeutique que le médecin ne peut plus porter, les infirmiers en dispensaient encore il y a peu ; désormais, quand il en reste quelques chose, cela se situe plutôt du côté des aides-soignants, pourtant ni formés ni payés pour ça. Eh bien, dans ce décor de démolition, il existe des rebelles tranquilles, pas forcément politisés, estimant de leur devoir de rendre ces structures à leur vocation nominale, et pour ce faire inventent des mises en œuvre objectivement subversives. Des réseaux s’y emploient. Où l’on pratique aussi des exercices. Non seulement ensemble, mais interactivement.
Visibles, ces réseaux ? Pas tellement semble-t-il, plutôt souterrains. Parfois sous des noms qui trompent un temps. Mais peut-être un temps seulement, hélas ! La piste fructueuse se situera-t-elle donc hors des univers professionnels ?