M. me met entre les mains un livre de Christian Arnsperger : éthique de l’existence post-capitaliste. Ouvrage original, roboratif ; je me suis promis d’aller au-delà de la première lecture, ne serait-ce que pour croiser le fer avec son approche de l’éducation, particulièrement étroite… Si j’en parle ici, c’est pour dire que cette lecture a inauguré chez moi une série de réflexions sur les « exercices » que les mystiques disent « spirituels ». Arnsperger, lui, parle d’exercices spirituels économiques et politiques. Intrigant, non ? Selon lui, « aucun exercice spirituel, qu’il soit économique ou non, ne peut offrir le moindre bienfait s’il ne propose pas, comme faisant partie de la voie, une plus grande capacité à se contenter du monde comme il va – et même, (…) à vivre comme si ce monde n’allait jamais changer ». Diantre ! Il propose de voir notre « moi capitaliste » comme un « faux moi » et de « voir enfin avec clarté, avec lucidité, sans excuses et sans blâme, nos peurs existentielles les plus profondes et à quel point il nous est difficile d’abandonner les réponses capitalistes à ces peurs. » ça mérite réflexion.
T. me vend un livre de Roger-Pol Droit : « 101 expériences de philosophie quotidienne ». Parmi eux l’une a particulièrement retenu mon attention : « Considérer l’humanité comme une erreur. Toutefois, même après lecture de ce livre, mon ‘exercice’ préféré reste celui-ci : observer durant toute une journée ce qui m’entoure et moi-même comme appartenant à un élevage industriel d’humains. Un élevage d’humains est plus commode, à certains égards, que l’élevage de simples animaux, mais l’éleveur doit prendre les moyens – multiples – de circonvenir le risque – permanent – que le cheptel se rebelle.